Le chef des services secrets marocains chez le général Bachir Tartag : de quoi les deux hommes vont-ils parler ?

Le patron de la DGED, la Direction générale des études et de la documentation, le service d’espionnage marocain, est à Alger. Il accompagne l’envoyé spécial de Mohammed VI, porteur d’un message du roi marocain au président Bouteflika. La présence du premier responsable des services des renseignements marocains est-il le signe d’une nouvelle ère dans la coopération entre Rabat et Alger dans le domaine de la lutte antiterroriste ? Yacine El-Mansouri devra rencontrer le nouveau patron des services spéciaux algériens, le général Bachir Tartag, qui était présent à l’audience accordée par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, à Nacer Bourita, ministre délégué aux Affaires étrangères.
Les relations entre l’Algérie et le Maroc ont traversé une zone de turbulence due aux provocations répétées du Makhzen à l’égard de notre pays. La réouverture de la frontière terrestre, fermée par l’Algérie depuis 1994 à ce jour, constitue la priorité dans l’agenda marocain. Mais Alger, qui refuse que ce problème soit corrélé à la question sahraouie, repousse les demandes récurrentes du Maoc tant que les nombreux contentieux en suspens entre les deux frères-ennemis ne seront pas réglés.
Le Makhzen adopte une sorte d’attitude contradictoire, accusant sans cesse l’Algérie de vouloir attenter à l’«unité territoriale du Maroc» et appelant, dans le même temps, à instaurer des relations normalisées entre les deux capitales pour permettre la «construction du Grand Maghreb». Les discours de Mohammed VI sont tantôt édulcorés, tantôt fielleux à l’égard du voisin de l’Est.
Le Maroc continue de déverser des quantités incommensurables de drogue dans notre pays, tout en feignant de lutter contre le narcotrafic. De son côté, l’Algérie a renforcé les moyens de surveillance de la frontière de telle sorte que des tonnes de kif traité sont saisies par les différents corps de sécurité, police, gendarmerie et armée, pratiquement tous les jours.
Sur le plan de la lutte antiterroriste, le Maroc est loin d’être un exemple à suivre. En effet, l’épisode Abdelhak Layada, le fondateur du GIA hébergé par Rabat au début des années 1990, au firmament de la violence terroriste en Algérie, est dans tous les esprits et il sera difficile aux autorités marocaines de prouver leur bonne foi, d’autant qu’elles sont soupçonnées d’entretenir des groupes terroristes qui infestent le Sahel, notamment le Mujao dont on dit qu’il serait la création des services secrets marocains.
En outre, le Makhzen distille des informations erronées sur le Polisario à qui il tente de coller une étiquette terroriste, dans une vaine tentative de discréditer cette organisation politique qui conduit la lutte pour la libération du Sahara Occidental du joug colonial marocain.
Tous ces problèmes, ajoutés à la propension du régime marocain à la surenchère et ses accointances dangereuses avec l’Arabie Saoudite qui lui fournit argent et armements, ne pourront pas être aplanis à court terme. Trop d’aspects séparent les deux pays pour qu’ils puissent enfin s’entendre sur une politique commune. Il faudra du temps et un peu plus de bonne volonté de la part des Marocains.
M. Aït Amara

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