Maladroite est la démarche du souverain marocain, Mohamed VI qui, à l’occasion de la tenue des travaux de la 27e session ordinaire de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine (UA), à Kigali (Rwanda) a envoyé un message aux dirigeants africains, leur exprimant le désir du Maroc de réintégrer l’organisation panafricaine. Ce n’est pas une surprise du fait que les rumeurs sur l’intention du royaume de revenir au sein de l’ex-OUA circulent depuis des jours pour ne pas dire des mois.
Maladroite est la démarche du souverain marocain, Mohamed VI qui, à l’occasion de la tenue des travaux de la 27e session ordinaire de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine (UA), à Kigali (Rwanda) a envoyé un message aux dirigeants africains, leur exprimant le désir du Maroc de réintégrer l’organisation panafricaine. Ce n’est pas une surprise du fait que les rumeurs sur l’intention du royaume de revenir au sein de l’ex-OUA circulent depuis des jours pour ne pas dire des mois. Disons même que le processus visant cette réintégration a commencé, dans les coulisses, il y a deux ans.
Les déplacements répétées et les séjours parfois longs des dirigeants du pays voisin dans différents pays d’Afrique, y compris l’Algérie, à l’approche de la date de la tenue de cette rencontre africaine, conforte cette résolution marocaine. Rien de déroutant jusque-là sauf que dans son message adressé à l’UA, le souverain marocain n’a aucunement fait allusion à l’erreur de l’année 1984, celle de son père, mais a longuement cité une autre erreur –c’est son appréciation à lui- des membres de l’organisation panafricaine qui ont reconnu la Rasd et continuent de soutenir la République sahraouie dans son combat pour l’autodétermination.
Mohammed VI revendique le droit du Maroc à la réintégration de l’UA, mais aussi, sans le dire expressément, l’exclusion de la Rasd. Intrigant ! Ce qui l’est davantage, c’est que cette demande de réintégration et l’envoi du message aux concernés coïncident avec l’ouverture des travaux qui, devrions-nous le souligner avec insistance, ont commencé par une minute de silence à la mémoire de l’ancien Président de la Rasd, le défunt Mohamed Abdelaziz. Aussi, un deuil de trois jours a été décrété par la présidente de la commission de l’UA, la Sud-africaine Nkosanzana Dlamini-Zuma, dès l’annonce du décès de l’ancien Président. Autre fait à retenir est que le nouveau président de la Rasd, Brahim Ghali, élu il y a quelques jours, est, lui aussi, à Kigali pour prendre part aux travaux, la Rasd étant membre de l’organisation panafricaine. C’est dire que le Sommet est en partie dédié à la République sahraouie.
Ainsi, alors que beaucoup parmi ceux qui ont entendu parler d’une supposée demande de réintégration de l’UA par le Maroc s’attendent à ce que ce dernier (Maroc) se fasse «tout petit» sinon «revienne par la petite porte» pour la simple raison que c’est lui-même qui a décidé de son propre gré de quitter l’organisation et sans présenter d’excuses, ils constatent que le royaume chérifien agit d’une manière qui va à l’encontre de cette demande. Le message de Mohamed VI envoyé aux participants au Somment N°27 est chargé de haine et de rancœur –il ne peut y avoir d’autres qualificatifs- envers la Rasd et ceux qui la soutiennent. Le contenu du message s’annonce même comme un défi, le Maroc se sentant en position de force, dirait-on, après que 8 pays parmi ceux qui étaient autrefois du côté de la Rasd sont passés de son côté à lui. Et il ne désespère pas de voir le nombre augmenter à la faveur d’un travail de lobbying qui date, comme susmentionné, depuis au moins deux ans.
Parlant de la Rasd, Mohamed VI la qualifiera, dans son message, d’Etat «fantôme», «pseudo Etat». Pire, lit-on dans le même message: «L’histoire retiendra cet épisode (la reconnaissance de la Rasd par l’UA) comme une tromperie, un détournement de procédures, au service d’on ne sait quels intérêts. Un acte comparable à un détournement de mineur». Et le roi d’appeler à «écarter les manipulations, le financement des séparatismes, de cesser d’entretenir, en Afrique, des conflits d’un autre âge». Plus grave encore, le roi accusera les pays qui soutiennent la Rasd de violation du droit international: «…les fardeaux d’une erreur historique et un legs encombrant, pointant vers une contradiction évidente avec la légalité internationale».
Critiquant davantage la Rasd avec laquelle il siègera –si par miracle sa demande est appuyée et approuvée par la commission- il dira: «Ce prétendu Etat n’est membre ni de l’ONU, (…) ni d’aucune autre institution internationale», affirmant que les Nations unies avec lesquelles il a eu pourtant un sérieux différend lors de la visite du SG de l’organisation, Ban Ki-moon, dans la région, «se penchent actuellement sur la question». Mohamed VI veut revenir par la grande porte comme s’il était en position de force. Et il pense l’être justement, en vantant «les mérites de l’action de notre dynastie», de même qu’en évoquant «le rôle économique du royaume dans les domaines de la banque, des assurances, du transport aérien, des télécommunications et du logement, faisant du Maroc le premier investisseur africain en Afrique».
Aussi, dira Mohamed VI, «cela fait longtemps que nos amis nous demandent de revenir parmi eux pour que le Maroc retrouve sa place naturelle au sein de sa famille institutionnelle. Ce moment est donc arrivé». C’est à ne rien comprendre de cette démarche marocaine, sachant que les «poids lourds» de l’organisation panafricaine sont plutôt du côté sahraoui et fortement opposés au Maroc. Bien entendu, il s’agit des trois pays qui sont l’Afrique du Sud, le Nigeria et l’Algérie. D’ici la tenue du prochain Sommet où il sera question d’élire le successeur de la présidente sud-africaine (une élection prévue initialement pour ce sommet), le royaume continuera son travail de coulisses dans l’espoir de faire infléchir la position de ces «poids lourds» sur la question sahraouie. C’est peine perdue, devrions-nous dire, sachant l’intransigeance, maintes fois exprimées, par les trois pays et d’autres au sein de l’UA. Une ligne rouge à ne jamais franchir. En plus, dans ce cas bien précis, c’est à l’UA d’imposer ses conditions au Maroc –au nom de sa Charte- et non pas le contraire.
K. M.
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