Pour briser son isolement international en raison de son occupation coloniale du Sahara Occidental, le Maroc, sur conseil de ses «amis», et notamment le Quai d’Orsay au temps de Laurent Fabius, a lancé une opération marketing pour adhérer à l’Union africaine. Il faut, en effet, préciser et contrairement à l’amalgame entretenu par ses médias et ceux qui lui sont acquis, y compris en Algérie où ses relais redoublent de férocité, que le Maroc n’a jamais été membre de l’Union africaine dont la RASD est membre fondateur. Le Maroc a quitté l’Organisation de l’unité africaine (OUA) avec fracas précisément au moment où la RASD en est devenue membre de plein droit. Depuis, le royaume, qui n’a montré que mépris à l’égard du continent africain – Hassan II traitant l’OUA de «conférence tam-tam», allant même jusqu’à demander son adhésion à la CEE au temps de l’amitié complice avec Giscard –, se découvre une dimension africaine.
En réalité, la demande d’adhésion du Maroc à L’Union africaine est loin d’être souhaitée au sein de l’organisation panafricaine contrairement à ce que prétend Mohammed VI, en raison de ses capacités de nuisance, ses manœuvres dilatoires et sa politique du diviser pour régner. Qui plus est, le roi du Maroc, qui multiplie les fautes diplomatiques de par son arrogance et qui croit que l’argent fourni par quelques pays du Golfe, qui ont fait du pays leur chasse gardée, peut lui faciliter l’achat des consciences – un exercice dans lequel excelle le Makhzen – pose ses conditions et avant même de réunir un hypothétique quorum pour son adhésion, s’en prend à la RASD, pour mieux occuper la place d’un Etat fondateur de l’UA.
Cette démarche qui masque les échecs répétés à l’ONU d’une monarchie néocoloniale ne surprend guère. En effet, en 2013, comme le révèle un document diplomatique secret, Mohammed VI a multiplié l’envoi d’émissaires en Afrique pour acheter des voix, promettant des projets économiques qui ne verront jamais le jour. Si ce n’est ceux qui profiteront à la fortune personnelle d’un des monarques les plus riches au monde à travers son holding.
Le Maroc qui s’y voyait déjà a subi un premier revers avec l’hommage appuyé du 27e sommet, qui s’est ouvert dimanche dernier, au martyr du peuple sahraoui, feu Mohamed Abdelaziz, et l’accueil fait à son successeur Brahim Ghali.
Faute d’un statut à sa «mesure», le roi avait déjà dépêché à Kigali ses ministres et les membres de son cabinet noir ainsi que les patrons de sa sécurité, dont le sinistre Hammouchi ; Mohammed VI n’a pas fait le déplacement, alors que les sites électroniques de son secrétaire particulier et gérant de sa fortune répétaient à l’envie qu’il y serait. Le Maroc n’a même pas eu la possibilité d’y assister en tant qu’invité, alors qu’il avait manœuvré et invité le président du pays hôte du sommet, Paul Kagamé, à effectuer une visite officielle à Rabat peu avant la conférence. Pour ne pas perdre complètement la face, le royaume a notifié à la Commission africaine son intention d’adhérer et d’être admis à l’UA.
Le président de la Commission communique ensuite cette notification aux 54 membres qui se prononceront par un vote. L’admission est décidée à la majorité simple (28 membres). La décision de chaque Etat membre est transmise au président de la Commission qui communique la décision d’admission à l’Etat demandeur, après réception des voix requises.
Que cherche le Maroc en procédant à une telle démarche ? Va-t-il accepter de siéger en même temps que la RASD et d’engager de l’intérieur de l’UA un intense lobbying pour éjecter la RASD de l’organisation africaine ? Un combat perdu d’avance. Car on voit mal les héritiers des pères fondateurs qui ont débarrassé le continent africain du joug du colonialisme se plier aux desiderata d’un Etat néocolonial, relais des lobbies sionistes et des prédateurs qui guettent l’Afrique. Comment l’UA acceptera-t-elle d’accueillir en son sein un pays qui occupe un de ses Etats membres, dernière colonie en Afrique ?
La diplomatie marocaine et le palais royal qui a un penchant pour les coups d’éclat semblent oublier que l’Union africaine a réitéré, le 27 mars dernier, son appui à l’élargissement du mandat de la Minurso à la surveillance des droits de l’Homme au Sahara Occidental, et renouvelé son ferme appui au droit à l’autodétermination du peuple sahraoui . L’intervention remarquable du représentant spécial de l’UA, Joaquim Chissano, devant le Conseil de sécurité a été déterminante pour contrecarrer la manœuvre marocaine de neutraliser la Minurso, en expulsant une partie de son personnel. Nous reviendrons plus en détail sur la stratégie marocaine – si stratégie il y a, puisque établie à coup de millions de dollars par des centres d’études européens, français notamment, pour conduire des actions aux fins de casser l’axe Alger-Abuja-Pretoria, en s’appuyant sur la diplomatie parallèle parlementaire et des partis politiques, et en investissant les réseaux informels d’influence et de lobbying, notamment vis-à-vis de l’Afrique du Sud qui cherche à s’imposer comme puissance régionale africaine.
Pour ce faire, le Maroc s’appuie surtout sur son allié israélien. Peu avant le sommet de l’UA, le premier sioniste Netanyahou s’est rendu dans cinq pays africains pour faire des offres d’assistance sécuritaire sous couvert de lutte antiterroriste, alors qu’il est l’un des soutiens de Daech. Et, surtout, Israël formule une demande de statut d’observateur à l’Union africaine. Ainsi, il fera la paire avec le Maroc, pour faire imploser ou, du moins, paralyser l’UA dans son soutien aux Palestiniens et aux Sahraouis.
Mokhtar Bendib
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