Dès les premières années de l’indépendance, un groupe de jeunes lycéens et enseignants a éprouvé le sentiment que celle-ci, accordée complaisamment par le colonisateur, ne pouvait être qu’habillée d’une autre domination qui ne conduirait pas, nécessairement, à une décolonisation véritable. Cette perception de l’Etat-Nation était très avancée, à cette époque, et l’est même aujourd’hui où le Mauritanien n’a pu ou su encore trouver l’organisation inamovible d’une structure pérennisant son Etat. Bref, glissons, mortels, n’appuyons pas…
Sous la clandestinité, cette mouvance, regroupée sous la dénomination d’El Kadihine a très vite recueilli l’adhésion de la totalité de la jeunesse, des sympathisants et des jeunes fonctionnaires qui suivaient, pour elle, les dérapages de fonctionnement des structures de l’Etat, alimentant les revendications et les protestations clandestines. Leur activisme a assez préoccupé les responsables de l’Etat pour leur faire chasse aux sorcières et les taxer de » mouvement communiste contre l’islam « , histoire d’aiguiser, contre eux, la haine d’une population profondément musulmane. Ils ont fortement souffert, durant cette période, mais sont restés invariables, jusqu’à présent, dans leur constance d’actes et d’objectif national, détaché de toutes les tares de notre société.
Ce constat objectif est largement connu des Mauritaniens qui ont suivi le parcours, quasiment sans faute durant les cinquante-cinq années d’indépendance, de lutte de ses dirigeants pour une Mauritanie plus juste, unie et égalitaire. Ce mérite exceptionnel, constant dans l’intérêt national, m’offre, aujourd’hui, l’occasion de leur adresser toutes mes félicitations. J’accompagne celles-ci de mes vœux, à tous les Mauritaniens soucieux de l’avenir de leur pays et de celui de leur progéniture, d’adhérer, massivement, à ce parti qui a donné les preuves suffisantes de son patriotisme sans fard, débarrassé des lacunes qui n’aboutissent, au meilleur cas, qu’à la division et l’incertitude négative où baigne actuellement le pays.
Par son effort soutenu et conséquent, l’UFP se retrouve, aujourd’hui, au centre de gravité du paysage politique, qualification qui ressort d’une fine analyse psycho-rétrospective et prospective. Hier mouvement d’avant-garde, il devient, aujourd’hui, le parti du salut national, avéré par la constance de son objectif nationaliste, de l’indépendance à ce jour. Je ne saurai boucler ce témoignage sans féliciter, particulièrement, le docteur Maouloud, président de l’UFP, pour la qualité géopolitique-stratégique avancée de son allocution, au Congrès extraordinaire de la République sahraouie, les 8 et 9 juillet 2016.
En Décembre 1975, déjà, le mouvement ancêtre de l’UFP fut le seul à protester, énergiquement, contre le partage du Sahara et contre la guerre qui s’en suivit, avec le résultat fratricide vécu par tous les Mauritaniens. La perception de ce danger, à l’époque, n’était pas à la portée des dirigeants et responsables politiques du pays. On comprend, aujourd’hui, avec le recul nécessaire, que ce mouvement d’avant-garde confirmée était dirigé par une crème d’intellectuels en avance de plusieurs siècles sur les autres mauritaniens. Ils le sont encore.
La vision, très avancée à cette époque, des dirigeants de l’UFP était, à la fois, basée sur la connaissance profonde de l’histoire régionale, des populations, des liens de sang, linguistiques, traditionnels et stratégiques, à court, moyen et long termes. En effet, le Sahara est le prolongement naturel de la Mauritanie, c’est le même espace géo-humain, morcelé, par la colonisation, en application de la devise » diviser pour régner « . Le Sahara occidental constituait, hier, une portion naturelle et importante de la Mauritanie. Il en est aujourd’hui ; le sera demain et au-delà ; la soupape de sécurité. C’est une réalité constante et indétournable.
Entravée, depuis quarante ans par un problème de décolonisation dont l’Espagne a refusé d’assumer la responsabilité juridique et historique, l’ONU ne parvient pas à lui appliquer la législation internationale, faute aux blocages perpétuels des socialistes français, toujours nostalgiques de la colonisation et de ses déboires. Et ce – les exemples ne manquent pas – en contrevenant aux articles 1, paragr. 2 : » Le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes » ; et 2, paragr. 4, de la charte des Nations Unies qui interdit, à ses membres, toute immixtion dans les affaires intérieures des autres pays.
C’est pourtant avec éloquence qu’ils parlent des droits de l’homme, en soutenant, fermement, les massacres quotidiens en Palestine et en bloquant l’autodétermination légale du Sahara. Avant de se complaire à se plaindre du terrorisme, quand ils sont bien les premiers promoteurs de son apparition, par l’injustice de leurs actes et leur propre comportement. Faudrait-il ici conclure que la vérité n’est pas bonne à dire, ainsi qu’on l’entend si souvent répéter ? Permettez de croire plus utile de rappeler ce que chacun le sait, intuitivement, tout en le taisant, à l’ordinaire : oui, son apport pédagogique et moral a une valeur inestimable. Le vrai est bel et bien la source du juste et du bon.
Brahim ould Boidaha
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