Les limites d’un tapage médiatique de mauvais aloi : Les officiels algériens recadrent le Makhzen marocain

Dans les jours qui ont précédé la tenue, les 17 et 18 du mois en cours, à Kigali, la capitale du Ruanda, du 27ème Sommet ordinaire de l’Union africaine (UA), un tonitruant tapage médiatique sur le prétendu retour du Maroc au sein de l’organisation panafricaine a été mené par la presse marocaine et celle de nombre de pays, africains et autres, connus pour leur soutien à notre voisin de l’Ouest.
Un «retour»-les guillemets étant vraiment indiqués dans ce cas comme on le verra par la suite-que l’une et l’autre ont présenté comme étant quasiment acquis. Reprenant à l’envi une fausse information sur une non moins fausse pétition signée par 27 États africains, sur les 54 membres se l’UA, demandant un tel «retour», elles ont, dans une tentative manifeste, sournoise et qui, par la suite, est apparue pour ce qu’elle est vraiment, c’est-à-dire, désespérée, elles ont tenté, ce faisant, d’amener les participants au Sommet de Kigali à traiter de ce point. Mais dans l’optique marocaine. 
En clair, en ouvrant les portes de l’UA au Makhzen tout en chassant la RASD, un de ses membres fondateurs. Une attitude qui frise le ridicule et qui découle en droite ligne du mépris que le Makhzen marocain a toujours affiché pour le continent africain. Et dont l’exemple le plus édifiant, parce que le plus révélateur d’une telle attitude, a été les intolérables et racistes propos que Hassan II, le père de l’actuel roi du Maroc, a tenus, en 1984, à l’égard de l’OUA (Organisation de l’unité africaine) qui venait d’admettre en son sein la RASD, précisément, par lesquels il l’avait qualifiée de «conférence tam-tam». Sinon comment expliquer cette morgue affichée par le Makhzen à la veille de la rencontre de Kigali qui lui a fait croire que l’Afrique allait accéder à ses desiderata inconsidérés. Mal lui en a pris d’ailleurs. Non seulement il n’a rien obtenu mais toutes ses prétentions se sont avérées n’être qu’un ballon de baudruche qui s’est dégonflé à la première occasion. Une issue à laquelle les officiels ont grandement participé. Non pas parce qu’ils étaient mus par une quelconque animosité mal placée à l’égard du Maroc, notre voisin de l’Ouest, malgré tout. Mais ils se sont faits simplement les défenseurs du droit et des statuts de l’UA. 
Aussi bien Ramtane Lamamra, notre ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, et le numéro deux de notre diplomatie, Abdelkader Messahel, ministre des Affaires maghrébines, de l’Union africaine et de la Ligue des États arabes, que le Premier ministre Abdelmalek Sellal, n’ont fait, dans toutes les occasions où ils ont eu à s’exprimer depuis la tenue du 27ème sommet de l’UA, que défendre ce droit et ces statuts. Tout en apportant, il faut le dire une précision de taille qui a réduit à néant le tapage médiatique du Makhzen et ses prétentions à forcer les portes de l’UA. 
Les trois ont, en effet, rappelé que dans le cas du Maroc, il était vraiment inapproprié de parler de son « retour » à l’UA ; celui-ci n’en ayant jamais fait partie. Et de là, le serein conseil qu’ils lui ont adressé d’emprunter les voies statutaires prévues par l’Acte constitutif de l’UA pour le devenir. Une manière de lui suggérer d’abandonner toute prétention à lier son admission à la sortie de la RASD, un État fondateur de l’UA. Surtout que les statuts de cette organisation panafricaine, qui confirment à chaque sommet qu’elle est loin d’être une « organisation Tam-tam mais le porte-voix d’une Afrique en marche, ne prévoient aucunement un tel cas. 
Le Makhzen et ses soutiens doivent, sous peine de se retrouver dans la situation peu enviable de rebuts de l’Histoire, s’imprégner définitivement de ses réalités.
Mourad Bendris

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