La condition posée par le Maroc exigeant la suspension de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) pour adhérer à l’Union africaine (UA) est « une nouvelle manœuvre vouée à l’échec », a affirmé, hier, le ministre sahraoui des Affaires étrangères, Mohamed Salem Ould Salek, lors d’une conférence de presse organisée au siège de l’ambassade de la RASD à Alger. Selon lui, il s’agit d’une nouvelle tentative de détourner l’opinion publique marocaine et étrangère des échecs du Royaume sur tous les plans, notamment la question sahraouie.
Il a souligné que si le Maroc veut adhérer à l’Union africaine, il lui faudra se conformer et accepter les conditions de cette organisation. « L’objectif de l’organisation est d’unir les pays africains et non de les fragmenter en voulant suspendre un membre fondateur », a-t-il fait remarquer. Le chef de la diplomatie sahraouie a rappelé que le Maroc a déjà tenté en 1984 de faire expulser la RASD de la précédente organisation panafricaine l’OUA. « Il utilise les mêmes méthodes en 2016 sachant pertinemment qu’il n’atteindra pas ses objectifs », dira-t-il.
« Heureusement que le ministre marocain des Affaires étrangères a donné un ultimatum de six mois. Autrement, le mensonge durera trop longtemps », a dit Ould Salek. Ce dernier a ensuite expliqué que le scénario est voué à l’échec pour plusieurs raisons. Le Maroc n’est pas d’abord en position de demandeur de réintégration à l’OUA mais d’adhésion à une nouvelle organisation.
Par ailleurs, l’article 29 de l’acte constitutif de l’UA stipule que si un pays veut adhérer à l’organisation, il doit faire une demande qui doit être notifiée au président de la Commission de l’UA, qui, à son tour, doit en informer tous les Etats membres. Les articles 3 et 4 sont aussi des obstacles pour le Maroc. L’un et l’autre consacrent la défense et le respect des frontières des pays membres.
D’autre part, a souligné le diplomate, « le Maroc n’a pas le quorum qu’il prétend ». « Les 28 pays cités par la presse marocaine se partagent en trois groupes. Le premier n’a jamais signé la pétition. Les pays du deuxième groupe croyaient que le Maroc voulait tout simplement adhérer à l’UA sans exigences.
Le reste est une poignée de pays qui l’ont toujours soutenu », a-t-il précisé. Quant aux raisons de cette nouvelle manœuvre, Ould Salek évoque les récents échecs de la diplomatie marocaine, en particulier le retour de la composante de la Minurso. Selon lui, c’est « un retour sur une décision présentée comme souveraine et irrévocable ».
Samira C.
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