Le ministre sahraoui des Affaires étrangères, Mohamed-Salem Ould- Salek, revient longuement sur l’agitation du Maroc et de ses lobbies autour d’une prétendue adhésion à l’Union africaine et son action qui continue pour tenter de discréditer la Question sahraouie au niveau international.
Dans une longue interview à Algeriepatriotique, Ould-Salek explique qu’ après être «revenu sur sa décision qu’il considérait comme souveraine et irrévocable, concernant l’expulsion de la composante politique et civile de la Minurso, le Maroc essaie de détourner l’attention de son opinion publique». «Mais il vise, aussi, à créer toute une confusion sur la scène internationale, en avançant, comme pretexte, au moins 28 pays de l’UA veulent le retour du Maroc au détriment de la République sahraouie. Il faut observer ceci : le Maroc parle de retour, alors qu’il n’était pas membre de l’Union africaine. Cette dernière possède une loi fondamentale qui stipule que pour être un membre de l’UA, il faut d’abord respecter les frontières héritées de l’époque coloniale. Ce qui n’est pas le cas du Maroc, qui est le seul pays, comme Israël, à ne pas respecter les frontières de son voisin», précise le MAE sahraoui. il ajoute qu’un autre principe «consiste à accepter à l’avance la non-utilisation de la force et refuser l’occupation des territoires d’autrui.
Le Maroc occupe une partie des territoires sahraouis. Il y a aussi une procédure inscrite dans l’Acte constitutif de l’UA stipulant qu’un pays qui sollicite l’adhésion à l’UA doit envoyer une demande à la Commission de l’Organisation. Cette dernière doit vérifier si le demandeur respecte les principes et les objectifs de l’UA. Si rien, dans cette demande, n’est contraire à l’Acte constitutif, la Commission l’envoie aux capitales des pays membres. Quand la Commission reçoit les réponses positives de la majorité des membres, elle l’annonce au pays sollicitant son admission. Lorsque le demandeur est accepté, il doit venir au siège de l’Union pour signer l’Acte constitutif, l’endosser ensuite par son Parlement, et le signer par la plus haute autorité du pays. Étape suivante, le demandeur doit déposer les instruments de ratification au siège de l’UA, à Addis-Abeba». Si le Maroc a annoncé son intention d’adhérer à l’UA, il doit d’abord, pour «démontrer sa bonne volonté, l’exprimer et la matérialiser à partir de pas concrets qu’il n’a pas faits», souligne par ailleurs le chef de la diplomatie sahraouie, relevant qu’il s’agit d’une «manœuvre dilatoire» de propagande et de fausses informations.
Sur le moment choisi par Maroc pour faire diversion Ould-Salek estime que le «Maroc se retrouve de plus en plus isolé. Il bénéficiait, depuis 1975, de soutiens financiers qui viennent du Golfe, jusqu’à aujourd’hui d’ailleurs, qui alimentent la guerre, et d’un soutien politique et diplomatique d’un certain nombre de pays d’Europe et des États-Unis. Ce soutien n’existe plus». «La position française au sein de l’Union européenne devient minoritaire. Et avec l’intégration qui se renforce au sein de l’Europe, les Français commencent à avoir des problèmes avec leurs partenaires européens. Le statut accordé au Maroc, qui lui a été donné par la France et l’Espagne, qui l’ont imposé à l’Union européenne, commence à avoir des effets négatifs pour le Royaume et pour ses partenaires», -a-t-il dit.
«Toutes les organisations des droits de l’Homme sur les scènes africaine, européenne et américaine, accusent le Maroc, non seulement de violation des droits de l’Homme mais aussi de commettre des crimes de guerre. À ce sujet, le tribunal suprême espagnol a accusé le Maroc d’avoir commis un génocide contre le peuple sahraoui. Les Parlements nationaux et le Parlement européen exigent que le Maroc se conforme au Droit international, qu’il accepte le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui, et qu’il se soumette au référendum qu’il a accepté en 1991. Il y a une pression énorme sur le Maroc, sur les gouvernements européens et la Commission européenne», a-t-il encore dit. Pour le ministre sahraoui cette «bataille, au sein de l’UE, est renforcée aujourd’hui par une confrontation sur le plan juridique. Le tribunal du Luxembourg a annulé l’accord signé entre l’UE et le Maroc sur les produits agricoles. Le Maroc est en perte de vitesse, dès le moment qu’il refuse de reconnaître les frontières de ses voisins, qu’il alimente la région maghrébine, l’Afrique et l’Europe en drogue, sans omettre le fait que les actes terroristes perpétrés à Madrid, Paris et Bruxelles sont fomentés par des Marocains» La propagande en France et en Espagne, qui présente le Maroc comme étant un pays stable, avec un islam modéré, ne trouve plus de tribune, ajoute-t-on à cela la revendication du peuple marocain pour plus de démocratie».
Décortiquant l’action du Maroc, le chef de la diplomate sahraouie relève que les «méthodes du régime alaouite sont connues : dévier l’attention des Marocains, essayer d’inculquer un chauvinisme désastreux au peuple marocain, en lui mentant sur l’origine des problèmes, et en essayant toujours de reporter cela sur le Front Polisario et l’Algérie, et sur tous ceux qui soutiennent la Cause sahraouie». «Le fait qu’il soit revenu sur ses décisions qu’il considérait comme étant souveraines et irrévocables, et qu’il ait été obligé, finalement, de se soumettre, dénote la situation très difficile dans laquelle se trouve le Makhzen. Il est passé maître dans la falsification des faits pour détourner l’opinion de son peuple», a-t-il dit .
À propos des lobbies payés par le Maroc sur notamment les dividendes du trafic de drogue, Ould-Salek indique «qu’il y a des personnes qui se disent experts. On les retrouve dans les publications de l’Agence de presse marocaine. Le Maroc a créé des lobbies aux États-Unis, en Europe, en Afrique et même en Asie pour donner l’illusion à son peuple qu’il profite d’une certaine solidarité. Le Maroc vient d’acheter douze sociétés de lobbying très influentes à Washington. Et la presse marocaine ne le cache pas. Il y a, également, des groupes soutenus par certains pays, à l’image des lobbies sionistes d’Israël. Et, il y a des politiciens français et espagnols qui sont payés par le Maroc. Un exemple, l’ancien Premier ministre de l’Espagne, Felipe Gonzales, fait du lobbying pour le Maroc en Amérique latine, ainsi que son successeur à la tête du Parti socialiste, Zapatero.
M. B.
Soyez le premier à commenter