Le Maroc a violé l’accord de cessez-le-feu conclu avec le Front Polisario. Dans une note confidentielle adressée au Conseil de sécurité et dévoilée par l’Agence associated press, le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki Moon, a affirmé, lundi 29 août, que cet accord de paix signé le 15 octobre 1991 a été violé par la partie marocaine. Il a clairement accusé Rabat d’avoir envoyé des troupes armées et du matériel militaire dans la région de Guerguerat, située à la frontière avec la Mauritanie dans le sud-ouest du Sahara Occidental occupé.
L’armée marocaine a mené à la mi-août une vaste opération de ratissage dans la région de Guerguerat. Pour justifier ce mouvement de troupes, Rabat avait déclaré vouloir « nettoyer » cette bande frontalière du trafic prospérant dans cette zone. Pire : le Maroc a procédé à l’asphaltage d’une route longue de 3,8 km dans la même région. Le Front Polisario a vivement réagi à l’incursion de l’armée marocaine dans la zone tampon, actée sous l’égide de l’ONU.
Le conseil de sécurité accuse le Maroc
Par ailleurs, selon une source proche du dossier, lors de la réunion du conseil de sécurité du 26 août 2016, le sous-secrétaire général aux opérations de maintien de la paix a clairement indiqué que le Maroc « avait violé l’accord militaire numéro 1 en faisant traverser des véhicules au-delà du mur ». La MINURSO a pu confirmer la présence de gendarmes marocains, ce qui constitue une violation caractérisée du cessez-le-feu.
Rabat a subi de vives critiques de plusieurs pays membres du Conseil de sécurité à cause de son action militaire. Les responsables marocains n’ont pas pu justifier ces actions. Ils se sont contredits en invoquant tour à tour l’assainissement de la région en prévision de la COP22, une opération des douanes pour lutter contre la contrebande, la construction d’une route…
Le Maroc fait machine arrière
Il s’agit de l’incident le plus sérieux depuis 1991. Selon un spécialiste du dossier du Sahara Occidental, Rabat a probablement cherché à travers cette manœuvre militaire à impressionner le Front Polisario. « À mon avis le Maroc voulait tester l’adversaire, savoir s’il est prêt à faire face. C’est le plus grand incident depuis l’accord du cessez-le-feu », explique-t-il.
Selon un autre connaisseur du dossier, le Maroc vise deux objectifs : changer le statu quo de la zone tampon après l’éloignement de la composante civile et militaire de la MINURSO et créer de fait une tension supplémentaire avec la Mauritanie qui contrôle la ville sahraouie de Lagouira.
Une tension qui s’est illustrée récemment par une campagne de dénigrement virulente à l’égard de la Mauritanie et de son président, notamment depuis que ce dernier a décrété un deuil national et dépêché une délégation officielle aux obsèques de l’ancien président sahraoui, Mohamed Abdelaziz.
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