La date du 28 août 2016 fera date dans l’histoire de la lutte du peuple du Sahara occidental pour son indépendance. Elle constitue le point de départ d’une nouvelle étape marquante du processus de paix au Sahara occidental. Désormais, il y a un avant et un après El Guergarate. Vingt-quatre heures auparavant (le 28 août) des unités de l’armée sahraouie sont intervenues en vue de mettre fi n aux travaux de bitumage menés par le Maroc dans la zone de Guergarate connue populairement sous le nom de Kandahar.
Avec l’épisode de El Guergarate, les Sahraouis sont revenus au langage que les Marocains comprennent et qu’ils croyaient disparu à jamais sous le brouillard d’un processus de paix qui bute depuis 25 ans. Une intervention inévitable puisque c’est le Maroc qui a, selon l’ONU, violé l’accord de cessez-le-feu conclu avec le Front Polisario le 15 octobre 1991. Le secré- taire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a clairement accusé Rabat d’avoir envoyé des troupes armées et du matériel militaire dans la région d’El Guergarate, à la frontière avec la Mauritanie, dans le sud-ouest du Sahara occidental.
La riposte de l’armée sahraouie était un message destiné au Maroc et à l’ONU, annonçant la fi n du temps de la passivité face aux provocations marocaines en rappelant le statut du Front Polisario en tant qu’acteur principal et incontournable dont les capacités ne peuvent être ignorées et dont les décisions ne doivent pas être sous-estimées si l’on veut sauvegarder la paix et la stabilité dans la région. «Au niveau intérieur, il a donné un nouveau souffl e au sentiment patriotique d’une population sahraouie agacée par les provocations marocaines et la complaisance onusienne», lit-on sur le site Diaspora sahraouie.
Pour l’opinion publique sahraouie, «la riposte constitue une étape charnière dans la ligne de conduite à suivre avec le Maroc et la communauté internationale qui aura ses répercussions positives sur la lutte du peuple sahraoui», est-il encore souligné. Au niveau international, les experts diront que la riposte militaire sahraouie a poussé la question nationale au-devant de l’actualité internationale, forçant le Conseil de Sécurité à l’inscrire dans son agenda et à lui consacrer plusieurs sessions de débat et un communiqué du secrétariat général exprimant sa préoccupation de la situation. La Minurso a été contrainte de reprendre son travail après une longue période d’inaction et de passivité et de se déployer dans la zone d’El Guergarate.
Après 25 ans de patience, le message des Sahraouis est clair. La communauté internationale l’a bien reçu. «Tout retard ou hésitation dans la prise d’une décision urgente pourront se traduire en faux signal pour l’Etat marocain, l’encourageant à aller en avant dans son intransigeance, son mépris et son agression qui constituent une menace réelle et dangereuse pour la paix, la sécurité et la stabilité dans la région», a averti le Conseil des ministres sahraoui dans un communiqué sanctionnant une réunion ordinaire présidée par Brahim Ghali, président de la République sahraouie et secrétaire général du Front Polisario.
Reporters, 3 septembre 2016
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