Belkhadem à CNN : «Les conditions pour rouvrir la frontière avec le Maroc et maintenir la coopération avec la France»

Sur la question du Sahara Occidental, Belkhadem juge que les positions de l’Algérie et du Maroc resteront «inconciliables» tant que Rabat continue de refuser le principe même de l’autodétermination.

Interrogé par la chaîne de télévision américaine CNN sur la question de la fermeture des frontières algéro-marocaines, l’ex-chef du gouvernement et ex-secrétaire général du FLN a répondu que la réouverture de cette frontière «se fera inexorablement» parce qu’il est impossible, a-t-il dit, que «nos deux peuples continuent à se tourner le dos indéfiniment». «Cette situation, a-t-il dit, devrait cesser un jour mais tout le monde doit savoir que c’est le Maroc qui a commencé parce que, suite aux événements de Marrakech (attentat du 24 août 1994, ndlr), à l’époque où l’Algérie subissait les affres du terrorisme et souffrait d’un embargo international imposé sans l’aval du Conseil de sécurité, le Maroc avait accusé l’Algérie, injustement, d’être à l’origine de l’attentat, et décidé d’instaurer le «visa aux Algériens». «La réaction algérienne fut de fermer la frontière», a-t-il rappelé. 

Sur la question sahraouie, Belkhadem juge que les positions de l’Algérie et du Maroc resteront «inconciliables» tant que Rabat continue de refuser le principe même de l’autodétermination. Au sujet de la Libye, l’ex-chef du gouvernement considère que le chaos libyen est l’«œuvre» de Bernard Henri-Levy, «l’ami de Nicolas Sarkozy, qui s’en vante aujourd’hui dans son livre». Et d’ajouter : «Je crains que si la situation actuelle perdure, ce pays aille à la partition.»
L’ancien conseiller de Bouteflika a rendu hommage à l’ANP pour son rôle dans la lutte contre le terrorisme transfrontalier qui menace, aujourd’hui, une vaste région s’étalant de la Mauritanie jusqu’à Djibouti, qu’il qualifie de «ventre mou» de l’Afrique. Il n’omet pas, au passage, de critiquer le dernier rapport américain évoquant «la partition de l’Algérie». 
Abdelaziz Belkhadem estime, par ailleurs, que la position de l’Algérie en faveur du Hezbollah libanais n’est pas liée à un quelconque rapprochement avec l’Iran mais est plutôt «une décision souveraine fondée sur un principe et une logique, à savoir que le Hezbollah est un parti libanais agréé, reconnu et présent dans les institutions, et même au sein du gouvernement». 
A propos du froid qui caractérise les relations algéro-saoudiennes, Belkhadem le réduit à des «divergences de vue conjoncturelles liées historiquement» à «l’adoption du dogme socialiste en Algérie et à la gestion du pétrole». Pour lui, il y a des divergences sur quelques points, comme le soutien de l’Arabie Saoudite au Maroc dans l’affaire du Sahara Occidental. «Mais je ne pense pas qu’il puisse y avoir un confit avec l’Arabie Saoudite», a-t-il assuré. 
Au sujet du «printemps arabe», l’invité de la chaîne de télévision américaine défend la position officielle de l’Algérie, qui est la non-ingérence dans les affaires des autres pays, tout en s’interrogeant sur l’objectif de la présence des grandes puissances aujourd’hui en Irak et en Syrie. «Le terrorisme est-il à ce point invincible que toute une coalition comptant plus de 80 pays en Irak et plus de 30 en Syrie ne parvient pas à l’éradiquer ? Ou alors ces pays sont-ils là pour appliquer d’autres agendas en voulant utiliser le terrorisme comme un épouvantail ?» s’est-il interrogé, dubitatif. L’Algérie ne voudrait pas que la Syrie devienne un sanctuaire du terrorisme, a encore expliqué Abdelaziz Belkhadem.
Interrogé sur le projet de loi sur la criminalisation du colonialisme, l’ancien président de l’APN affirmera que ce texte «devrait être réactivé parce que les relations avec la France devraient être d’égal à égal, en prenant en considération l’intérêt commun des deux peuples». «Cet intérêt commun, a-t-il ajouté, passe nécessairement par la mise en place du cadre devant prendre en considération un aspect aussi important que la mémoire et l’histoire.» Belkhadem va plus loin dans son analyse, en suggérant de cesser toute coopération commerciale et sécuritaire avec la France si celle-ci refusait de «faire acte de repentance». 
R. Mahmoudi 

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