Refusant que sa marchandise soit confisquée par la police, Mouhcine Fikri a été broyé dans une benne à ordures
La mort de Mouhcine Fikri, un vendeur de poisson broyé dans une benne à ordures après la confiscation de sa marchandise par la police pousse des milliers de personnes en colère à manifester à travers tous le pays.
« Criminels, assassins, terroristes », scandaient notamment les manifestants, ou encore « Ecoute makhzen [palais royal], on n’humilie pas le peuple du Rif ! ». Le rassemblement s’est déroulé sans incident.
Des manifestations de moindre ampleur ont eu lieu dans plusieurs autres villes du Rif, mais aussi à Casablanca, Marrakech et Rabat, où plus d’un millier de personnes ont défilé au cri de « Nous sommes tous Mouhcine ! », brandissant la photo de la victime ou une pancarte provocatrice « Bienvenue à la COP22, ici on broie les gens ».
Petit point d’histoire que rappelle en partie et faussement » le Monde » qui écrit « La ville côtière d’Al-Hoceima, comptant environ 55 000 habitants, fut le cœur de la révolte contre le colonisateur espagnol dans les années 1920, puis le théâtre d’une insurrection populaire en 1958 ».
Le Monde oubliant au passage de signaler que la France de 1921 à 1926 au côté de l’Espagne se singularisera dans une répression qui sera l’occasion pour le jeune PCF de s’engager frontalement dans la solidarité internationale et la lutte anticoloniale.
C’est pour s’être opposé à la guerre du Rif que Pierre Semard alors secrétaire général du PCF sera emprisonné.
C’est lors de la guerre du Rif que se nouera la « fraternité d’arme et de conviction » entre un certain Franco et son ami Pétain
Longtemps délaissée sous le règne de Hassan II, la région du Rif a une réputation de frondeuse et entretient des relations difficiles avec le pouvoir central. Elle fut aussi l’un des principaux foyers de la contestation lors du mouvement du 20-Février, la version marocaine des Printemps arabes en 2011.
la guerre du Maroc, rappelle B Ducoulombier présentant un ouvrage sur la période http://www.laviedesidees.fr/Une-guerre-coloniale-oubliee-le.html:
« coté Espagne a porté Primo de Rivera au pouvoir, et constitué pour Francisco Franco une école et un marchepied. Elle a scellé aussi la rencontre entre Philippe Pétain et la droite traditionaliste et philofasciste de la péninsule : sous l’œil attentif du dictateur, le maréchal vainqueur reçoit en février 1926 à Tolède la médaille militaire des mains du roi Alphonse XIII. Auréolé de son prestige acquis pendant la Première Guerre mondiale, Pétain a écarté Lyautey avec la bénédiction de Paul Painlevé, et a transporté au Maroc les méthodes de la guerre européenne. Le besoin était urgent que soit porté le coup de grâce à la « République du Rif », qui menaçait l’équilibre du protectorat marocain. «
Plus que du révisionnisme historique, ne faire de la guerre du Rif (et du sentiment nationale rifain ) qu’un épisode d’un affrontement entre le Maroc (rapporté à la monarchie chérifienne -installé par la France) et l’Espagne est un contre sens et sert à masquer la réalité des luttes républicaines qui se jouent depuis plus d’un siècle ainsi que le rôle de premier plan de l’impérialisme français.
La mort de Mouhcine Fikri survient quasiment à la date anniversaire de l’enlèvement et l’assassinat de Medhi Ben Barka par les hommes de main du père de l’autocrate en place aujourd’hui.
Les méthodes policières répressives (comme la violation des résolutions de l’ONU concernant le Sahara occidental) sont la vie quotidienne du Maroc où le Monarque face à la montée des colères populaires et l’exigence démocratique joue une dangereuse carte de l’islamisation qui menace d’embraser tout le Maghreb.
On attend avec impatience les expression de solidarité internationale qui établissent la continuité entre le Rif de 1921, le Sahara occidental, tel qu’est s’ext encore exprimé avec Abraham Serfaty et la répression vivement entretenue par la maison royale, avec la bienveillance de Paris.
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