Le candidat républicain Donald Trump a été élu 45e président des États-Unis, hier, au terme d’une soirée électorale américaine qu’aucun sondage n’avait su prédire.
Le candidat républicain Donald Trump a été élu 45e président des États-Unis, hier, au terme d’une soirée électorale américaine qu’aucun sondage n’avait su prédire. La victoire de ce républicain populiste, sans aucune expérience politique, constitue pour beaucoup un séisme politique sans précédent. Anticonformiste, Donald Trump qui n’a jamais eu de mandat politique, a vaincu la démocrate Hillary Clinton après une longue course à la présidentielle pour succéder à Barack Obama. Rattrapé par la realpolitik, Donald Trump a vite enfilé son costume de Président pour prononcer son premier discours.
Après avoir mené une campagne électorale avec un discours de victoire, le nouveau président des Etats-Unis, qui rejoindra le 20 janvier prochain la Maison Blanche, sait pertinemment qu’il doit maintenant adapter sa parole aux réalités qu’imposent les impératifs de la gestion des affaires publiques, les contraintes économiques et les intérêts du pays. Dans un bref discours, retransmis en direct par de nombreuses chaînes, Donald Trump a fait un discours d’homme d’État, aux antipodes de ses diatribes de campagne. Il a joué l’apaisement et le rassemblement appelant à «panser les plaies de la division». Il se veut «le Président de tous les Américains» et a même félicité Hillary Clinton, «elle et sa famille, pour cette campagne très très durement disputée».
Sur le plan international également, Donald Trump s’est montré plus sage promettant de «traiter équitablement avec tout le monde». En effet, sur le plan international, Donald Trump a, comme sur le plan national, joué l’accalmie et s’est voulu résolument rassurant à l’égard des autres pays. «Nous nous entendrons avec tous les autres pays qui ont la volonté de s’entendre avec nous», a-t-il ainsi déclaré. «Nous traiterons équitablement avec tout le monde, toutes les personnes et tous les pays», a insisté le milliardaire, dont l’élection a plongé les Etats-Unis et le monde dans l’incertitude. D’ailleurs, la communauté internationale s’interrogeait hier sur l’avenir des relations internationales après l’élection de Donald Trump.
Les incertitudes sur la politique extérieure de ce nouveau Président ont plané de l’Europe jusqu’au Moyen-Orient, en passant par la Russie, Pékin, l’Iran ou encore la Turquie. Chaque pays s’interroge sur la politique qui sera adoptée, même si des experts et professeurs affirment que la politique étrangère américaine «ne connaîtra pas de bouleversement» car le président américain a certes une marge de manœuvre concernant les grandes questions, mais «limitée» dès lors que l’Administration américaine, représentée par la Constitution, le Congrès, les différentes institutions de souveraineté (Défense, Affaires étrangères), jouent les garde-fous.
A Alger, la question de connaitre l’impact de cette élection sur les relations algéro-américaines s’impose également. A première vue, il est attendu à ce qu’un plus grand rapprochement entre les deux pays s’opère étant donné que le volet sécuritaire est une priorité de l’agenda du républicain et que l’Algérie, vu son expérience en matière de sécurité, est devenue une référence dans la lutte contre le terrorisme et le crime organisé. Rappelons que les relations entre l’Algérie et les Etats-Unis connaissent un épanouissement remarquable depuis les événements du 11 septembre 2001, sous la présidence du républicain Georges W. Bush. Les attentats terroristes contre la plus grande puissance mondiale ont permis la prise en compte d’une nouvelle donne sécuritaire par les stratèges américains, ce qui a modifié leur perception de l’Algérie. Cette conjonction a incité les renseignements américains à solliciter leurs homologues algériens en vue du démantèlement des réseaux islamistes opérant sur leur sol. Depuis l’Algérie est devenue «une puissance régionale», «un pays incontournable», «un partenaire important».
La lutte contre le terrorisme est donc le premier point de coopération entre les deux pays. Le renforcement des liens entre les deux pays a aussi intégré d’autres domaines comme le commerce. Un intérêt croissant est porté également, depuis quelques années, par les investisseurs américains aux secteurs de l’agriculture et de la santé où des partenariats ont été signés. En fait les investisseurs américains considèrent que le marché algérien pourra offrir des opportunités intéressantes, dans la mesure où le pays pourrait constituer, par la suite, la porte pour l’Afrique subsaharienne.
En homme d’affaires aguerri, l’entrepreneur milliardaire Trump saura préserver les intérêts de son pays en garantissant la continuité de relations économiques entre les deux pays. Sur la politique étrangère, les Etats-Unis et l’Algérie ont toujours eu des visions diamétralement opposées sur des questions importantes telles que la création de l’Africom sur le continent africain, les conflits au Moyen-Orient, la question du Sahara occidental ou encore la définition du terrorisme et le respect des droits de l’Homme. Aujourd’hui, un nouveau rapprochement pourrait s’opérer avec Donald Trump qui, durant sa campagne électorale, avait écarté l’outil de l’interventionnisme en affirmant que «la guerre et l’agression ne seront pas mon premier instinct. Nous ne pouvons pas avoir de politique étrangère sans diplomatie, une superpuissance comprend que la prudence et la retenue sont les véritables signes de force». Un bon point pour ce candidat dont la politique étrangère de non ingérence s’adapte avec celle de l’Algérie.
L’autre question sur laquelle risquent de s’entendre l’Algérie et les Etats-Unis, c’est le conflit du Sahara occidental. Donald Trump, contrairement à Hillary Clinton, qui a été en plein campagne électorale au cœur d’un scandale évoqué par le FBI concernant des centaines de courriels ayant permis de découvrir que le Maroc aurait versé 28 millions de dollars à la Fondation Clinton en échange de «faveurs», devrait exercer davantage de pressions sur le Maroc concernant cette question.
Le président Trump a bien déclaré : «Nous traiterons équitablement avec tout le monde, toutes les personnes et tous les pays.» Il est attendu donc qu’il favorise la cause juste du peuple sahraoui qui se bat pour le recouvrement de ses droits à l’indépendance et à l’organisation d’un référendum d’autodétermination tel qu’inscrit dans les résolutions des Nations Unies. Cependant, le républicain avait assuré vouloir privilégier à l’avenir «les valeurs occidentales» plutôt que des valeurs «universelles». Il avait aussi affiché son hostilité vis-à-vis des africains, des musulmans et des immigrés. Cela peut être mis sur le compte des déclarations incendiaires d’une campagne électorale et Donald Trump, élu à la tête des Etats-Unis, pensera plutôt à faire passer l’intérêt de son pays en maintenant des «relations équitables» avec tout le monde.
Il faut s’attendre donc à ce que la politique extérieure de Donald Trump soit conforme aux intérêts américains, et l’Algérie, pour le moment sert ces intérêts, notamment en ce qui concerne la stabilité et les équilibres régionaux. Subsisteront cependant certaines questions qui continueront à refroidir les relations entre les deux pays, à savoir le refus de l’Algérie de la création d’une base américaine sur le continent, mais aussi le soutien indéfectible des Etats-Unis à Israël. Mais malgré ces points de discordes, et même si au jour d’aujourd’hui, les contours des nouveaux paramètres géopolitiques ne sont pas encore suffisamment nets, il ne fait aucun doute que Donald Trump, qui était dans une position assez confortable de trublion étant candidat, devra désormais apprendre son rôle politique et enfiler son costume de Président.
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