Le roi du Maroc, Mohammed VI, devait certainement être extrêmement embarrassé lorsqu’il a débarqué lundi dernier à Madagascar, où il s’était rendu pour, officiellement, participer au sommet de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), qui se tient du 22 au 27 novembre à Antananarivo. C’est que ce voyage, qui devait lui servir à vendre sa «marocanité du Sahara Occidental» et essayer de travailler au corps le président du Madagascar pour le convaincre de soutenir l’adhésion du Maroc à l’Union africaine, tombe très mal. Ce déplacement «royal» intervient en plein milieu d’un scandale provoqué par Mohamed Amar, qui n’est autre que son ambassadeur accrédité sur place. Mohamed Amar, en poste à Antananarivo depuis dix longues années, est accusé d’avoir détourné des fonds humanitaires destinés à la population malgache et failli à son devoir diplomatique. Par «failli à son devoir diplomatique», il faut comprendre qu’il est aussi reproché à Mohamed Amar de s’être ingéré dans les affaires internes du Madagascar.
La main dans le sac
Les preuves sont si accablantes que dans un communiqué adressé à la MAP, l’agence de presse officielle marocaine, Rabat n’a eu d’autre choix que de reconnaître que Mohamed Amar a, en effet, entrepris «des actions d’ingérence dans les affaires intérieures du pays, en violation des usages diplomatiques, et aurait fait montre de discrimination à l’égard des communautés non musulmanes du pays. Face à l’ampleur des dégâts politiques occasionnés par l’affaire et pour montrer qu’il est intraitable avec ses fonctionnaires indélicats, le Maroc a sanctionné son larron d’ambassadeur en le relevant de ses fonctions. Rabat a également dépêché une commission d’enquête à Antananarivo afin d’évaluer le montant des sommes détournées et sanctionné son ambassadeur.
Malgré la décision de Rabat de remplacer Mohamed Amar, l’opinion malgache reste tout de même très remontée contre le Maroc, auquel il est reproché d’avoir mis du temps à réagir, surtout que son ambassadeur a régulièrement défrayé la chronique locale. A ce propos, le journal l’Express de Madagascar soutient que «son remplacement intervient sur le tard, tant les comportements du diplomate marocain, présenté comme le doyen du corps diplomatique à Antananarivo, avaient heurté les responsables malgaches».
L’UA intraitable
Du coup, l’opération de charme voulue grandiose à Madagascar par Mohammed VI (que certains médias acquis à sa cause affublent déjà du surnom de «roi d’Afrique»), est tombée à l’eau. A mentionner qu’avant de se rendre à Antananarivo, le monarque marocain a effectué un séjour en Ethiopie. Un séjour complètement passé inaperçu. Malgré ses nombreuses tentatives, il n’a pas réussi à convaincre son hôte de lâcher la RASD. C’est qu’Addis-Abeba, siège de l’UA, est un fervent défenseur des Sahraouis. Ceci pour dire que les prétendus succès politiques et économiques remportés par le Maroc en Afrique n’existent que dans les articles des médias qui y croient.
Preuve en est : l’Union africaine (UA) a réaffirmé hier son soutien au peuple du Sahara Occidental après la décision du Maroc et de neuf pays arabes de se retirer du Sommet afro-arabe en raison de la participation d’une délégation sahraouie. «Nous continuerons à soutenir les peuples palestinien et sahraoui jusqu’à ce qu’ils recouvrent leurs droits nationaux», a déclaré à la presse la présidente de la commission de l’UA, Dlamini Zuma. Les pays africains ont rappelé unanimement que «les valeurs et principes qui gouvernent l’Union africaine (UA) ne sauraient en aucun cas être négociables ou matière à compromis». Il n’y pas plus clair.
Khider Cherfi
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