Après un long silence, le ministère des Affaires étrangères a fini par réagir aux graves accusations d’atteinte aux droits de l’Homme lancées par des médias français et marocains à l’encontre de l’Algérie et se rapportant à une récente opération de reconduction à la frontière de 1 400 migrants illégaux africains.
Dans un long communiqué rendu public aujourd’hui, le département dirigé par Ramtane Lamamra commence par qualifier de «malveillants» leurs commentaires qui, selon lui, «sont destinés à jeter le discrédit sur l’hospitalité traditionnelle du peuple algérien ainsi que sur la solidarité naturelle de l’Etat vis-à-vis des pays voisins et amis affectés par des crises». Le MAE algérien nie, de plus, en bloc le fait que les autorités algériennes recourent systématiquement aux expulsions de migrants africains ainsi que peut le laisser penser la campagne haineuse des médias français et marocains.
Pour lui, «d’évidence, la réalité des faits ne donne aucune base à la campagne tendancieuse menée par certains milieux connus pour leur hostilité envers l’Algérie qui exploitent à des fins inavouables une opération somme toute ordinaire, gérée dans le respect des droits humains des personnes rapatriées, et conformément aux engagements internationaux que l’Algérie a contractés».
Le ministère algérien des Affaires étrangères précise, à ce propos, que l’opération, objet d’une exploitation ordurière et insidieuse, a été «décidée en tant que mesure de dernier recours». La raison ? Elle a été mise en œuvre, est-il expliqué, «par les autorités compétentes consécutivement aux atteintes récurrentes à l’ordre public commises dans plusieurs régions du pays et notamment à Alger où des dépassements graves ont été enregistrés, en particulier des actes de vandalisme et des agressions physiques inacceptables et injustifiées contre des bénévoles du Croissant-Rouge algérien».
Le département dirigé par Ramtane Lamamra soutient que «face à de tels comportements, les forces de l’ordre ont fait preuve d’un professionnalisme et d’un sang-froid exemplaires qui ont permis de contenir les conséquences des incidents, minimes mais regrettables, survenus lors de l’opération de rapatriement».
Au-delà, le MAE algérien rappelle que «l’Algérie qui a toujours partagé les préoccupations des pays voisins et amis continue, malgré une conjoncture économique peu favorable, de consentir des efforts considérables en termes de prise en charge de nombreux migrants qui bénéficient, au même titre que les citoyens algériens, de l’accès gratuit aux services de santé et d’éducation». Il ajoute que «l’Algérie a constamment fait preuve de solidarité et de coopération avec les pays frères dans leurs efforts de développement et de sédentarisation de ces populations, aspirant légitimement à améliorer leurs conditions de vie».
L’Algérie, contrairement à certains pays de la région, ne fait jamais de publicité sur les importantes aides qu’elle accorde chaque année aux pays du Sahel et du Maghreb. Actuellement, près de 150 000 migrants africains vivent et travaillent en Algérie. Selon diverses sources, il y aurait au niveau du territoire national autant, sinon plus, de Marocains. Mais ça, les médias marocains et français n’en parlent jamais.
Khider Cherif
Photo : Le sénégalais Charles Ndour, assassiné à Tanger par les marocains en 2014
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