Il n’y a pas longtemps, le mois dernier, le Maroc avait félicité l’adoption de cette résolution biaisée et anti-israélienne par le Conseil de sécurité, qui appelle Israël à cesser « la colonisation dans les territoires palestiniens ».
Le Maroc avait exprimé sa satisfaction «sur la non-légitimité de la politique de colonisation israélienne, qui constitue une violation flagrante des dispositions du droit international et des résolutions onusiennes y afférentes », a déclaré le ministère des Affaires étrangères et de la coopération dans un communiqué cité par Maghreb Arabe Presse (MAP).
Rabat a salué l’adoption, par le Conseil de sécurité de l’ONU, d’une résolution du 23 décembre 2016, qui appelle l’État Juif à cesser toutes « les opérations de colonisation dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967 », selon le ministère.
« Le Royaume du Maroc considère que la persistance d’Israël dans sa politique de colonisation constitue une menace pour les chances de paix dans la région et sape tous les efforts visant à parvenir à une solution définitive, juste et globale au conflit israélo-palestinien, sur la base de la légalité internationale et la solution à deux États », ajoute la même source.
Aujourd’hui les autorités et les médias marocains sont en train de voir rouge. Et pour cause : Londres et Washington ne reconnaissent pas la souveraineté du Maroc sur le Sahara Occidental. L’ancienne colonie espagnole est occupée par le Maroc depuis 1976.
Rabat s’oppose aux demandes des Nations Unies d’un referendum d’indépendance au Sahara Occidental et propose par contre faire du territoire disputé une province marocaine autonome.
Le Sahara Occidental est aujourd’hui la dernière colonie d’Afrique à ne pas avoir abouti dans son processus de décolonisation.
Le gouvernement britannique réaffirme son soutien au droit du peuple sahraoui
D’après des sources des milieux du lobby pro-sahraoui à Londres le gouvernement britannique a réaffirmé son soutien au droit du peuple sahraoui à l’autodétermination et aux efforts du Secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (ONU) visant à trouver une solution juste et durable à la question sahraouie conformément aux principes et objectifs de cette organisation.
La position du gouvernement britannique demeure constante concernant la souveraineté du Sahara Occidental et son «soutien aux efforts du Secrétaire général de l’ONU visant à trouver une solution juste et durable (…) qui permette l’autodétermination du peuple sahraoui conformément aux principes et objectifs des Nations unies», lit-on dans une lettre adressée le 4 janvier 2017 par le chef du département Maghreb arabe au ministère britannique des Affaires étrangères, Christopher Gilf, à la représentation du Front Polisario à Londres.
Par ailleurs, le responsable britannique a affirmé que le «gouvernement britannique suit les étapes du procès du groupe Gdeim Izik et a envoyé un représentant de l’ambassade britannique à Rabat pour assister au procès prévu initialement le 26 décembre dernier» et reporté au 23 janvier 2017.
«Des observateurs internationaux et des organisations de défense des droits de l’Homme avaient assisté au procès aux côtés du collectif international d’avocats (Belgique, France, Espagne), a-t-il ajouté, affirmant que son gouvernement «suivra avec intérêt le prochain procès en coordination avec la Mission de l’Union européenne à Rabat».
Selon des sources pro-sahraouies à Londres cette lettre fait suite à celle adressée par la représentation du Front Polisario à Londres au ministère britannique des Affaires étrangères concernant le procès du groupe «Gdeim Izik» dans le cadre de la campagne internationale pour leur libération ainsi que tous les détenus politiques sahraouis dans les prisons marocaines.
Le représentant du Front Polisario à Londres, Mohamed Limam Mohamed Ali, a salué la position britannique et appelé les autres pays européens à «envoyer des représentants de leurs ambassades au Maroc pour assister au procès le 23 janvier prochain».
Mohamed Limam avait adressé le 16 décembre dernier une lettre à M. Glif dans laquelle il a appelé le gouvernement britannique à «une intervention urgente pour annuler les jugements prononcés à l’encontre du groupe ‘‘Gdeim Izik’’ et libérer tous les détenus politiques sahraouis dans les prisons marocaines». La représentation du Front Polisario en Grande-Bretagne a reçu de nombreuses réponses favorables de la campagne internationale pour la libération des détenus politiques sahraouis dans les prisons marocaines, notamment de la Confédération des travailleurs britanniques.
Pour Washington, «Le Sahara Occidental n’est pas marocain»
L’Administration américaine refuse de reconnaitre pas la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara Occidental.
Le Département d’État, qui a introduit fin 2016 quelques changements à cette liste, a maintenu sa position sur le territoire sahraoui en affirmant que sa souveraineté «reste à déterminer». Il est on ne peut plus clair que sur ce dossier l’Administration américaine a rejeté catégoriquement les revendications fallacieuses du Maroc sur les territoires sahraouis occupés.
Dans les précisions apportées par le bureau du renseignement et de la recherche relevant du Département d’Etat, l’Administration américaine confirme également qu’elle ne reconnaît «aucune puissance administrante» dans ce territoire, ce qui constitue un désaveu cinglant à la thèse «de la marocanité du Sahara Occidental» que Rabat veut imposer de force.
Le Département d’État avait déjà rejeté en 2016 une mesure du Congrès à propos de l’utilisation au Sahara Occidental d’une aide financière controversée destinée au Maroc, estimant qu’une disposition pareille revenait à reconnaître indirectement le Maroc comme puissance administrante.
La position américaine s’aligne sur celle des Nations unies qui considèrent le Sahara Occidental comme un territoire non autonome en attente de décolonisation. Washington s’est en effet démarqué plusieurs fois du plan d’autonomie présenté par le Maroc.
Avec l’arrivée le 20 janvier de Mr Donald Trump, les lobbyistes pro-sahraouis comptent accroitre la pression exercée sur la Maison Blanche à travers des politiciens du Sénat et le Congrès américains pour faire valoir les points de vue pro-sahraouis.
Les congressistes ont longtemps conduit avec succès la lutte pour convaincre à la Maison Blanche de rester sceptique envers une solution imposée par le Maroc.
Les analystes politiques, dans la capitale US, estiment que la nouvelle Administration américaine qui est contre l’adoption de cette résolution biaisée et anti-israélienne par le Conseil de sécurité, ne soutiendra pas la position marocaine sur le Sahara Occidental.
Le Maroc a eu déjà à saborder les efforts de deux émissaires américains au Sahara Occidental, en 2004 lorsqu’il a rejeté le plan de paix proposé par l’Envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU, James Baker, qui maintenait le principe d’autodétermination en exigeant la tenue d’un référendum au terme de cinq années de sa mise en œuvre.
En 2012, les autorités marocaines ont décidé unilatéralement de retirer leur confiance à Christopher Ross, l’accusant injustement de mener «un travail partial». La décision est intervenue juste après que Ross a présenté un rapport au SG de l’ONU qui épinglait sans ménagement le Maroc pour les entraves dressées au bon fonctionnement de la Mission de l’ONU pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (Minurso).
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