Une situation géopolitique nouvelle porteuse donc de beaucoup d’atouts, de crédibilité et de notoriété pour le président Aziz et pour la Mauritanie ; une situation qui ne peut que susciter des réactions réservées, ou même des jalousies, chez nos voisins du Nord et du Sud, qui aspirent tous à jouer, s’ils le pouvaient, ce rôle stratégique qui est le nôtre aujourd’hui.
Ce nouveau rôle stratégique enviable vient d’être corroboré sans ambages aujourd’hui par la réussite unanimement reconnue et saluée de la médiation du président Azizdans l’épineuse crise gambienne.
Une médiation d’autant plus salutaire que les trompettes des va-t’en guerre, dont les prétentions d’hégémonie sur la Gambie ne sont pas nouvelles, ont sonné jusqu’assourdir, pour torpiller toute solution pacifique négociée de cette crise ; pourtant la seule voie qui épargne à la Gambie, à la sous-région et à l’Afrique les affres incalculables de l’intervention militaire .
Elle épargne d’abord à la Gambie une guerre civile certaine, en raison de la mentalité encore vivace de l’ethnicité, c’est-à-dire cette conscience d’appartenir à un groupe humain différent et même antagoniste aux autres, qui imprègne et guide encore profondément les imaginaires et les comportements des citoyens de ce pays à l’instar de tout le continent ; en raison aussi, et peut-être surtout, de l’exaspération des susceptibilités ethniques et nationalistes que ne manquera pas de susciter la présence de troupes sénégalaises sur le sol gambien,et qui sera interprétée comme un renforcement de la place et du rôle d’une composante du tissu social gambien présente de part et d’autre de la frontière entre les deux pays ; autrement dit, la réalisation d’un vieux rêve d’inféodation de la Gambie au Sénégal.
Elle épargne aussi à la sous-région ouest-africaine l’apparition d’un nouveau foyer de tension qui sera immanquablement un terrain de prédilection pour l’installation des groupes terroristes déjà fortement implantés dans cette partie du continent africain.
Elle épargne enfin à l’Afrique de nouveaux mouvements de réfugiés qui viendront ternir le miroir déjà désolant qu’elle offre à travers ses guerres civiles dévastatrices.
Ainsi, en épargnant à la Gambie sœur les incommensurables effets désastreux d’une intervention militaire irréfléchie, dont l’onde de choc allait toucher tous les pays environnants, le président Aziz a réussi un coup de maître qui l’élève sur la cime du pavois de la Mauritanie, de la région et de l’Afrique tout entière.
Docteur AbdallahiOuld Nem
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