Pour comprendre pourquoi le Sénégal dénie au peuple sahraoui son droit à l’autodétermination et mène campagne pour le retour du Maroc au sein de l’Union africaine et l’expulsion de celle-ci de la RASD, il n’y a qu’à regarder la carte géographique du pays. La raison de la position du Sénégal en est ce petit pays la Gambie qu’un tracé des frontières durant la période coloniale a fait surgir en faisant un Etat, obstacle à sa continuité territoriale.
Situation de fait que les pouvoirs sénégalais post-indépendance ont été forcés et contraints d’accepter, d’autant qu’en créant l’Organisation de l’unité africaine (OUA) les Etats fondateurs, dont leur pays, ont posé comme principe intangible pour le continent le respect des frontières héritées de la colonisation et reste toujours en vigueur dans la charte de l’Union africaine (UA) qui lui a succédé. Mais si le Sénégal ne plaide pas ouvertement pour l’abolition de ce principe qui lui interdit de revendiquer la Gambie comme territoire lui appartenant, il n’en milite pas moins par la bande pour son abrogation. La thèse marocaine sur le Sahara occidental dont il s’est fait le chantre activiste est le paravent à sa propre revendication du rattachement de la Gambie à son territoire.
Il n’y a pas à s’étonner de la position que prendra le Sénégal lors du sommet de l’Union africaine qui va avoir à statuer sur la demande d’admission à celle-ci formulée par le Maroc. Il sera à la pointe des Etats qui tout en l’appuyant voudront imposer à l’Union africaine qu’elle défère à l’exigence sous-jacente formulée par le monarque marocain du retrait à la RASD de son statut d’Etat membre de l’organisation. Il deviendrait évident que si le Maroc soutenu par le Sénégal obtient satisfaction sur cette exigence, c’en sera fait du principe de l’intangibilité des frontières héritées de la colonisation sur lequel entre autres a été fondée la position de l’Union africaine reconnaissant la RASD en tant qu’Etat du peuple sahraoui. Ce dont le Sénégal ne tarderait pas à s’en prévaloir comme précédent justifiant ce qu’il pourrait entreprendre contre la Gambie voire même contre la partie de la Mauritanie riveraine du fleuve Sénégal et, secret de polichinelle, toujours considérée par les autorités de Dakar comme ayant été arbitrairement dévolue à l’Etat mauritanien.
Ce dont il est fait état ici est la principale raison qui fait que Rabat et Dakar ont constitué un axe voué à créer les conditions qui la rendrait possiblement acceptable pour les Etats du continent. Rabat comme Dakar n’en ont cure ce faisant que leurs desseins sont porteurs de la menace d’une déstabilisation qui peut se propager à maints Etats africains dont l’unité nationale et les frontières ne tiennent qu’en vertu du respect du dogme de l’intangibilité des frontières que les pères fondateurs de l’OUA ont posé et que les créateurs de l’Union africaine ont repris à leur compte.
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