La mythomanie grandissante du Makhzen

Hocine Adryen

On s’en doutait, le Maroc n’allait pas rester longtemps sans mettre en cause l’Algérie. Le chef du contre-espionnage marocain (BCIJ), Abdelhak Khiame, n’en démord pas et part à l’assaut de la citadelle Algérie. A chaque arrestation ou démantèlement d’un réseau terroriste sur le sol marocain, c’est l’Algérie qui est montrée d’un doigt accusateur. 
Déjà en septembre dernier, il a accusé clairement et explicitement l’Algérie de financer et de soutenir le terrorisme. La première fois, c’est lors d’une conférence de presse et la seconde fois sur un site suisse : « Je ne sais pas pourquoi les Algériens s’obstinent à soutenir et instrumentaliser la RASD, qui est impliquée dans le terrorisme, la drogue et les prises d’otages Occidentaux », dit-il. 
Il y a quelques jours, il récidive et accuse encore une fois l’Algérie d’avoir servi de plaque tournante pour l’acheminement de matériels de guerre à un réseau de terroristes affiliés à Daech. Selon le communiqué diffusé par la BCIJ, les membres de cette cellule terroriste dormante « communiquaient avec des éléments à l’intérieur et à l’extérieur du pays, sur la base d’une stratégie étudiée, pour la contrebande d’armes qui provenaient de la Libye et transitaient par le territoire algérien avant d’arriver au Maroc ». 
Un second communiqué dit même pourchasser des terroristes algériens sur le sol marocain. 
Ahurissant ! En effet, l’enquête du BCIJ « se poursuit à l’encontre de trois (3) présumés coupables de nationalité algérienne. Ils sont suspectés d’entretenir des liens avec une personne interpellée dernièrement à Tanger par les éléments du BCIJ et de la DST et soupçonnée d’appartenir à l’organisation terroriste Daech. 
Les personnes recherchées, de nationalité algérienne, se sont associées à des Marocains pour commettre des actes terroristes dans des lieux touristiques, des établissements hôteliers, des casernes et des établissements diplomatiques, dans différentes villes du pays. Les membres de cette cellule comptaient réitérer les actes commis durant les attentats du 16 mai 2003 » lit-on encore. 
S’il est difficile de savoir s’il s‘agit de faits réels ou de fantasmes mythomanes, en tout cas, cette énième accusation tombe mal pour ce pays qui avait cherché à établir une coopération sécuritaire avec l’Algérie, celle-ci étant grandement renommée en raison de son savoir-faire en matière de lutte antiterroriste. Le Maroc, lui-même menacé sérieusement par des organisations terroristes, a appelé l’année dernière l’Algérie à la rescousse. 
Abdelhak Khiam, le patron de la BCIJ, celui-là même qui accuse l’Algérie, a déploré le manque de coordination entre les deux pays en matière de lutte antiterroriste : « Malgré la montée de la menace terroriste pesant sur la région du Moyen-Orient, le Maroc et l’Algérie n’entretiennent aucune coopération sécuritaire » regrette-t-il. 
Le Maroc a adopté la mythomanie comme posture pour s’en prendre à l’Algérie. Lors de son admission à l’UA, l’Algérie a pourtant voté en faveur de son adhésion, mais les officiels et les experts marocains continuent d’accuser l’Algérie de vouloir l’empêcher de rejoindre l’organisation panafricaine. 

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