Il n’a pas résisté à la tentation de faire le buzz pour son tout premier discours devant le sommet du l’Union Africaine qui clôturait hier ses travaux, au lendemain de la réintégration de son pays au sein de la communauté africaine après 33 ans d’absence. Mohamed VI a cru bon de prononcer l’oraison funèbre de l’Union maghrébine (UMA) pour mieux se faire accepter au sein de l’Union africaine.
«La flamme de l’UMA s’est éteinte, parce que la foi dans un intérêt commun a disparu », a-t-il lancé comme si son royaume n’y était pour rien. Et d’ajouter : «Aujourd’hui, nous constatons avec regret que l’UMA est la région la moins intégrée du continent africain, sinon de toute la planète : alors que le commerce intra régional s’élève à 10 % entre les pays de la CEDEAO, et à 19 % entre les pays de la SADEC, il stagne à moins de 3 % entre les pays du Maghreb ».
Tous ces chiffres sont vrais et ils font mal aux populations de ces pays du Maghreb que l’histoire, la géographie et la démographie rassemblent mais que les régimes divisent depuis des décennies. Le roi M6 pensait avoir le beau rôle hier de signifier que son royaume a tout fait pour sauver le bateau ivre du Maghreb. Son message subliminal s’adressait évidemment à l’Algérie coupable selon lui -il n’a pas osé la citer nommément- d’avoir «éteint» la flamme de l’idéal maghrébin.
La réalité est bien sûr toute autre puisque c’est le Maroc justement qui a «tué» le processus d’intégration régional en invitant systématiquement sa «cause sacrée» (colonisation du Sahara) à la table des négociations. Or, l’Algérie qui reste fidèle à sa ligne de conduite dictée par sa diplomatie révolutionnaire de soutenir le droit des peuples à leur autodétermination, refuse cette vente concomitante proposée par le Maroc.
La diplomatie algérienne a toujours prôné la séparation du dossier sahraoui aux mains de l’ONU de l’idéal de construction maghrébine. Mais le royaume a souvent refusé l’offre préférant considérer l’Algérie comme son «meilleur ennemi» quitte à tuer l’UMA. Ce qu’a dit hier le souverain alaouite s’applique donc plutôt à son pays qui systématiquement couplait le Maghreb uni à son occupation du Sahara occidental. « L’élan mobilisateur de l’idéal maghrébin, promu par les générations pionnières des années 50, se trouve trahi (…) Nos concitoyens maghrébins ne comprennent pas cette situation », se lamentait hier M6. Mais ce discours plaintif ne trompe plus personne. Mohamed VI sait ce qu’il doit faire pour redonner à ce corps cette entité régionale que sa stratégie à rendu creuse. «Si nous n’agissons pas, sauf à prendre exemple sur les sous-régions africaines voisines, l’UMA se dissoudra dans son incapacité chronique, à rencontrer les ambitions du Traité de Marrakech, qui lui a donné naissance il y a 28 ans », a-t-il commenté.
Par ce propos, M6 ne fait que confirmer son sentiment, à savoir qu’il ne cédera rien sur la colonisation du Sahara et ne traitera pas avec l’Algérie en laissant de côté cette question. L’histoire retiendra que c’est sous son règne que les institutions de l’UMA ont été paralysées et peut être même tuées.
Hamid Merakchi
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