L’hebdomadaire britannique The Economist, spécialisé dans les questions de politique internationale, a publié dans son édition du 23 février 2017 un reportage sur la situation au Sahara Occidental qu’il estime proche d’un retour au conflit armé. Il fonde ses craintes sur les provocations du Maroc qui exaspèrent le Polisario, amenant celui-ci à riposter.
Selon The Economist, «depuis l’été dernier, l’ONU s’est restée entre les deux ennemis, à 120 mètres l’un de l’autre, dans la région reculée de Guerguerat». L’hebdomadaire britannique cite un responsable de l’ONU qui a déclaré que «la menace pour la paix et la sécurité est probablement la pire que nous ayons constatée depuis 1991», année où l’organisation internationale avait réussi à faire taire les armes entre les résistants sahraouis et l’armée d’occupation marocaine. Des diplomates, repris par The Economist, estiment, de façon imagée, que tout dépend de la «démangeaison d’un doigt sur une gâchette».
The Economist évoque les données du conflit en rappelant que «les hostilités entre le Maroc et le Polisario ont commencé peu de temps après que l’Espagne, la puissance coloniale, s’est retirée du Sahara Occidental en 1975, lorsque le Maroc a annexé le territoire». Il rappelle également l’accord de cessez-le-feu intervenu en 1991 qui devait conduire à un référendum sur l’autodétermination qui n’a pas encore eu lieu à ce jour. Depuis 1991, le Maroc occupe les deux tiers du territoire, y compris la capitale Laâyoune, tandis que le Polisario est présent sur le reste. Le Sahara Occidental est coupé en deux par un mur de sable de 2 700 km, de 2 à 3 mètres de hauteur, construit par l’armée marocaine et longé de mines.
The Economist fait état de la violation de l’accord de cessez-le-feu par l’armée d’occupation qui s’est déployée ostensiblement plus au sud sous prétexte de protéger les travaux de construction d’une route au-delà du mur de sable, près de Guerguerat, destinée, autre prétexte selon l’hebdomadaire britannique, à lutter contre la contrebande. En riposte, poursuit l’hebdomadaire, le Polisario a également commencé à construire de nouvelles structures et à placer des éléments armés dans cette région. La tension dans cette zone est à son comble, constate The Economist, au point où le secrétaire général du Polisario, Brahim Ghali, s’est rendu en personne dans la région, en décembre dernier, pour superviser le déploiement du dispositif de sécurité sahraoui en prévision de toute éventualité, y compris une confrontation armée avec les forces d’occupation marocaines.
Pour The Economist, l’affrontement à Guerguerat, cette petite ville du sud-est du territoire, près de la frontière avec la Mauritanie, est «un symptôme de problèmes beaucoup plus profonds». Il explique qu’alors que la part du Maroc dans le Sahara Occidental contient de précieuses ressources – phosphate, pétrole et stocks de poissons –, la partie où se trouve le Polisario est moins riche.
Selon l’analyste Hannah Armstrong, qui s’est confiée à l’hebdomadaire britannique, «les réfugiés sahraouis nés et élevés en exil ne croient plus en rien, sauf au recours à la lutte armée pour le recouvrement de l’indépendance de leur territoire».
L’équipe de reporters de l’hebdomadaire britannique qui s’est rendue dans la ville de Laâyoune a été frappée par la stratégie mensongère du Makhzen qui exhibe dans la boutique de cadeaux de l’aéroport de cette ville sahraouie occupée des cartes de la capitale du Sahara Occidental sur lesquelles il apparaît que le territoire appartient au Maroc. Mais dans l’aéroport, tout indique que ce territoire est au centre d’un conflit. Des avions portant le logo de l’ONU sont alignés sur le tarmac, tandis que des soldats onusiens parcourent le hall des arrivées, relèvent les envoyés spéciaux de l’hebdomadaire britannique.
The Economist revient sur l’adhésion du Maroc à l’Union africaine (UA) avec les deux «lectures» qui ont accompagné ce fait : «Le Maroc est censé accepter les protocoles de l’UA qui stipulent que les frontières des membres (y compris celles de la RASD) sont inviolables» ; «le Maroc travaillera au sein de l’organisation pour miner l’appui de l’UA au Polisario». Il souligne que les revendications du Maroc au Sahara Occidental ont été rejetées par la Cour internationale de justice en 1975 et que la plupart des Sahraouis sont pour le référendum promis.
Houari Achouri
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