par Abdelkrim Zerzouri
Paris fait grincer des dents au Sahara occidental et à Alger, où l’on considère la position de la France exprimée dans une note aux parlementaires européens sur l’arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) au sujet de l’accord commercial UE-Maroc comme un mépris pour la légalité internationale. On devait forcément s’y attendre, les soutiens du Makhzen’ commencent à faire leur lecture élastique et aléatoire de l’arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) au sujet de l’accord commercial UE-Maroc.
La décision de la justice européenne qui a, malgré son style fleuve d’anthropologie historico-judiciaire, clairement établi le caractère distinct et séparé garanti au territoire du Sahara occidental conformément au droit international, vient d’être dénaturée par la France qui estime dans une note, envoyée lundi aux parlementaires européens, que la décision de la CJUE ouvre une «période d’insécurité juridique qui pourrait être très préjudiciable aux opérateurs économiques». Il n’en fallait pas plus pour faire réagir Alger qui, par le biais de son ambassadeur à Bruxelles, dénonce des calculs politiciens auxquels s’adonnent, en particulier, un pays membre permanent du Conseil de sécurité (France) et certains cercles au sein de la Commission européenne pour contourner le droit international et sceller le sort du Sahara occidental dans le sens illicite voulu par le Maroc.
L’Algérie affiche également sa désapprobation à l’égard de l’UE, jugeant que sa compromission dans cette cabale contre le peuple sahraoui menace le droit international et la promotion de la paix. Le représentant du Front Polisario en France a qualifié pour sa part la position de la France vis-à-vis de la décision de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) sur l’accord commercial UE-Maroc de «nouveau dérapage» qui s’aligne sur les thèses expansionnistes du Maroc. Non sans relever la gravité de la situation qui peut déboucher sur une reprise des sentiers de la guerre par les Sahraouis. Estimant que le soutien apporté par la France au Maroc dans son mépris pour l’ONU, l’Union africaine (UA) et l’UE est un choix qui peut encourager à commettre l’irréparable, avec toutes les conséquences qui en découleraient sur le plan de la stabilité de toute la région.
Mais, cela ne semble guère freiner l’activisme du roi et de ses alliés européens et africains, puisqu’il s’en est fait des amis en Afrique, où il mène également une grande offensive diplomatique qui joue sur la fibre sensible de l’économique, avant et après sa réintégration au sein l’UA, pour contrer les efforts onusiens de règlement du dossier du Sahara occidental dans le cadre de la légalité internationale. Le roi Mohamed VI veut isoler le Sahara occidental et ses alliés sur la scène internationale, faisant une priorité de ce dossier dans sa politique extérieure. Et il n’a pas fini d’accélérer le remodelage de l’opinion internationale autour de cette question de décolonisation, l’une des toutes dernières au monde (avec la Palestine), qu’il veut assimiler à un «état de fait». Quitte à mettre le feu aux poudres ?
Une folie que de s’aventurer sur ce sentier. Enfin, l’avenir proche le dira. En tout cas, déjà le bruit de bottes crisse sur les sables de cette vaste contrée désertique et prépare, au côté du flanc sahélien, infesté, un autre espace d’appui aux activités des groupes terroristes.
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