L’eurodéputé de Izquierda Unida a alerté ce matin sur le fait que le procès contre les prisonniers sahraouis de Gdeim Izik, qui a repris lundi dernier 8 mai, court le risque de se dilater dans le temps avec pour seul objectif qu’y assistent toujours moins d’observateurs internationaux, et de pouvoir ainsi dicter de sentences à l’encontre des prisonniers qui, elle le craint, « sont déjà prêtes » étant donné le manque de preuves réelles les accusant.
Paloma Lopez est venue lundi dernier à Salé, la ville voisine de Rabat, pour assister à nouveau comme observatrice à la réouverture du procès de ces activistes sahraouis détenus à la suite de leur participation aux journées de protestation et de revendication au « camp la dignité » de Gdeim Izik, à la fin de 2010.
Les audiences corroborent, explique P. Lopez, « ce que nous avions déjà dénoncé à l’issue de la précédente réouverture du procès le mois dernier : il s’agit d’une procédure pleine d’irrégularités à travers laquelle le Tribunal fait tout son possible pour que la condamnation illégale du procès militaire (février 2013) se répète. En ce sens, l’eurodéputée ne doute pas que la stratégie est « de dilater le procès d’une manière abusive » pour éviter la présence d’observateurs internationaux qui pourraient dénoncer l’espèce de pantomime qu’est devenu le procès ».
« Ce que nous avons vu ces derniers jours, c’est qu’ils continuent d’entraver l’entrée des observateurs au procès » (…) Le tribunal (…) fait tout son possible pour que (ceux) qui sont d’origine sahraouie ne puissent entrer. (…) Même chose pour les familles des accusés (…).
A toutes les irrégularités déjà dénoncées – à savoir la fabrication de preuves, le non-respect du protocole d’Istamboul et des résolutions du Comité contre la torture de l’ONU, l’extraterritorialité du procès (qui devrait se tenir dans le territoire occupé du Sahara Occidental en raison des Conventions de Genève auxquelles le Maroc a adhéré) et l’absence totale de prise en compte de la présomption d’innocence des prisonniers- s’ajoute le fait que « désormais les tortionnaires sont admis comme témoins, alors qu’ils devraient être sur le banc des accusés ».
P. Lopez déclare : « Ces personnes devraient être présentes au procès en qualité d’accusés pour les tortures qu’elles ont fait subir aux prisonniers, et pourtant le Tribunal n’en tient aucun compte ».
D’autre part, Lopez a pu constater le « traitement illégal » qui est fait aux témoins. « D’un côté, on voit le traitement préférentiel que le juge accord aux témoins de l’accusation, tandis que , de l’autre côté, il soumet les témoins de la défense à un interrogatoire quasi policier, faisant pression sur eux avec une violence et des interventions extrêmes ».
De même, elle dénonce « une connivence absolue » entre le juge, le procureur et l’accusation civile (représentant les familles des victimes marocaines mortes lors du démantèlement du camp de Gdeim Izik « qui, nous devons le souligner, continue d’être présente et d’intervenir alors qu’elle n’a pas été autorisée comme partie civile au procès ». Le Tribunal se laisse intimider continuellement par les cris de l’accusation civile qui agit, sans aucun respect pour la présomption d’innocence des prisonniers, comme si elle était le Ministère Public, et qui exerce un contrôle sur le Tribunal que seul le juge devrait exercer en droit ».
« Nous soutenons, elle insiste, que ce procès est une espèce de cirque et que les sentences sont déjà déterminées » ; elle s’attend à ce que ces sentences soient prononcées le plus tard possible afin que la présence des observateurs décline. C’est pourquoi Lopez fait un appel à la solidarité internationale avec le peuple sahraoui pour qu’elle soit présente au procès à chaque fois qu’il est renvoyé : « L’important est qu’il y ait beaucoup d’observateurs internationaux disposés à assister au procès pour pouvoir dénoncer publiquement ce qui est réellement en train de se passer.
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