A quoi joue le Maroc ? A travers ses provocations diplomatiques, ses attaques médiatiques et ses rumeurs distillées sur l’Algérie et son président, Rabat est en train de pousser les relations avec l’Algérie au pourrissement. Faut-il pour autant se taire et laisser faire ? La dernière «mise en scène» pathétique du Makhzen, accusant le troisième homme de nos Affaires étrangères d’avoir agressé un obscur second couteau de l’ambassade du Maroc à Sainte-Lucie, doit être traitée avec la plus grande fermeté de la part d’Alger.
Il est clair que tant que les réponses de notre diplomatie ne sont pas suffisamment tranchantes, Rabat continuera sa guerre ouverte contre notre pays. Même s’il est difficile pour notre diplomatie de s’abaisser au niveau de son homologue marocaine, difficile pour l’opinion publique de se satisfaire de ces réponses enveloppées dans du papier diplomatique. Tout le monde sait que le Palais et sa cour vouent à l’Algérie une haine incommensurable à cause de son alignement sur la légitimité internationale concernant le règlement du conflit au Sahara occidental. Un sujet hautement sensible qui fait disjoncter le Maroc à chaque fois qu’il est sommé de se conformer aux résolutions onusiennes.
Rabat n’arrête pas d’allumer des contre-feux, accusant l’Algérie d’être derrière le terrorisme qui la frappe ou la rendant responsable du drame des réfugiés syriens qu’elle refoule de son territoire. Cette «pièce de théâtre de bas étage» qui s’est jouée à Sainte-Lucie, pour reprendre les termes de la réponse de la diplomatie algérienne, n’est en fait qu’un acte programmé dans l’agenda politique du Premier ministre marocain, Saad-Eddine El-Othmani, figure du Parti justice et développement (PJD, islamiste), résolument hostile à l’Algérie puisqu’il l’a placée parmi ses priorités à abattre.
Qu’avons-nous réellement à gagner en gardant nos relations diplomatiques avec notre encombrant voisin de l’Ouest ? La première réponse naturelle qui vient à l’esprit est : rien. Nous n’avons rien à gagner avec un pays qui nous noie sous des tonnes de drogue, qui pompe notre carburant subventionné, qui a fermé ses frontières et brûlé notre drapeau. Me Farouk Ksentini, alors président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l’homme (CNCPPDH), avait certainement raison quand il a préconisé la rupture des relations diplomatiques avec Rabat, excédé par la guerre des mots que nous livre le Maroc.
«Provocation gratuite», «pays ennemi», sa réaction, en 2014, à propos d’un prétendu refoulement de réfugiés syriens du territoire marocain, est celle de beaucoup d’Algériens fatigués d’être la cible incessante du régime marocain. «L’Algérie doit prendre une position ferme pour mettre définitivement fin à ces provocations. A mon sens, il faut rompre les relations diplomatiques», avait-il déclaré. C’est la solution la plus envisageable pour mettre un terme à cette mascarade. La proposition a au moins le mérite qu’on s’y intéresse en attendant le prochain scénario.
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