La situation politique en Algérie est suffisamment alambiquée pour que la sortie de crise soit encore imaginée, à travers un labyrinthe.
Le report de l’élection ne peut, en aucun cas, servir la dynamique populaire enclenchée le 22 février et magistralement renforcée lors des grandioses marches du 1er mars. Cette solution équivaudrait à offrir une seconde chance au système afin de reprendre son souffle, ses forces et se régénérer.
Le limogeage d’Abdelmalek Sellal de la direction de campagne du candidat Bouteflika, trente-six heures avant le dernier délai de dépôt de candidature, conforte la thèse de l’option du 5ème mandat du président sortant. Une décision-réponse, inversement proportionnelle aux attentes du peuple, qui a exprimé, faut-il le rappeler, son rejet massif d’une reconduction de M. Bouteflika et du système qu’il incarne.
Le passage en force semble donc acté et sera imposé d’une manière ou d’une autre. En effet, s’il ne peut justifier d’un certificat médical attestant de sa bonne santé, le président sortant dispose d’un précieux atout «enfoui» en l’article 105 de la Constitution. Celui-ci stipule que, «en cas de nécessité impérieuse, le Haut Conseil de Sécurité réuni, le Président du Conseil de la Nation, le Président de l’Assemblée Populaire Nationale, le Premier ministre et le Président du Conseil constitutionnel consultés, le Président de la République décrète l’état d’urgence ou l’état de siège, pour une durée déterminée et prend toutes les mesures nécessaires au rétablissement de la situation. La durée de l’état d’urgence ou de l’état de siège ne peut être prorogée qu’après approbation du Parlement siégeant en chambres réunies.»
Un scenario très plausible connaissant les us et coutumes du système, qui répond ainsi à une déclaration du candidat Ali Ghediri, qui avait fait trembler bien des personnes et des institutions. Ce dernier a, en effet, déclaré lors de sa première rencontre avec la presse au Forum de notre confrère Liberté, «Ou c’est moi, ou c’est le système», défiant le fait accompli promis. Les évènements d’hier, limogeage de Sellal, défections massives au FCE, rébellions au FLN, RND et UGTA… nous font écrire que pour M. Bouteflika, «C’est moi ou le déluge».
Aux Algériens de prouver qu’ils sont maîtres de leur destin.
C. Mechakra