Alors que les chefs de l’opposition sont en conclave – TRACTATIONS AU SOMMET DE L’ETAT
Mohamed. K
Affaibli par les récentes manifestations populaires et l’apparition des premières fissures au sein de l’alliance, l’entourage du président de la République semble vouloir chercher une issue de dégagement acceptable par tout le monde. La Présidence tente de trouver une passerelle de sérénité et de calme pour traverser le fleuve de la contestation qui prend de l’ampleur. L’option a été envisagée depuis quelques jours, suite au fort impact des manifestations populaires de vendredi dernier.
Selon des sources dignes de foi, des représentants de la Présidence ont engagé de sérieux contacts et de tractations secrètes avec une personnalité nationale d’envergure, crédible et qui possède toujours des soutiens importants au sein de la société politique et civile. Cette personnalité est connue pour être consensuelle et fin connaisseur du sérail. Homme d’Etat, connu par les chancelleries étrangères, elle pourrait devenir, en cas d’accord ou de compromis sur des détails, l’unique issue pour le moment.
Alors que ces négociations sont déjà entamées, l’opposition passe aujourd’hui un test décisif. A la veille de la fête de la femme, ce 8 mars, où les réseaux sociaux sont en train de partager des mots d’ordre de mobilisation, les partis de l’opposition réfléchissent sur la création d’une nouvelle réponse politique d’envergure. Une rencontre est prévue aujourd’hui au siège du parti Talaie El Houriyet, où il sera question justement d’un débat sur les donnes offertes par les manifestations citoyennes de la rue et les promesses d’une transition proposée par le président sortant.
Pour des observateurs avertis, il n’y a pas que l’alliance présidentielle qui est secouée par les marches populaires et la vague de contestations qui déferlent dans les rues algériennes. L’opposition, elle aussi, a été surprise par ce mouvement inattendu et imperceptible il y a quelques semaines. Déroutée par la cascade de marches et autres événements populaires, l’opposition peine aujourd’hui à trouver des convergences de vue autour de la problématique électorale.
Affaiblie par des échecs répétés, notamment avec le flop de la plate-forme de Mazafran et la coordination nationale des libertés, cette opposition semble retrouver un nouveau souffle avec la nouvelle conjoncture. Bien que n’ayant pas eu au début des positions communes sur la participation ou non aux élections, aujourd’hui il semble que les données ont considérablement changé.
Selon nos informations, les invités à ce sommet de l’opposition cherchent à créer un front uni de refus du vote. Après la défection du RCD, du mouvement islamiste Adala, du Parti des travailleurs et du FFS, qui a choisi le boycott, c’est au tour de Benflis de se retirer, alors que Makri est sommé par le majliss echoura de son parti, le MSP, de ne pas déposer son dossier de candidature. Ces responsables rejoignent ainsi la position d’autres personnalités politiques, qui avaient tranché, depuis la convocation du corps électoral en janvier dernier, la question de la présidentielle.
Avec leur participation à la grandissante marche du 1er mars, ces chefs de parti politique ont voulu anticiper sur l’avenir immédiat et répondre ainsi aux cris et autres slogans des manifestants. L’idée d’un rejet total des engagements inscrits dans la lettre du président sortant est déjà acceptable par tout le monde. On insiste aujourd’hui, dans le milieu politique, à la mise en place de nouvelles initiatives politiques. Pour certains, la tenue de la présidentielle dans une atmosphère pareille comporte des risques énormes, d’autant que la campagne électorale et ses meetings pourraient connaître des débordements dangereux. Une sorte d’alternative est déjà sur la table des discussions. Celle du report immédiat du processus électoral et de la tenue de cette fameuse conférence élargie dans les plus brefs délais. C’est cette conférence qui tranchera la feuille de route future, comme la constitution d’un gouvernement d’union nationale, la révision constitutionnelle et la mise en place de cette instance indépendante chargée de l’organisation et de la surveillance des élections. Il est d’ailleurs question de revoir complètement la charpente institutionnelle, puisque des élections générales anticipées sont prévues, présidentielle, législatives et municipales.
Autrement dit, cette opposition veut inverser les engagements d’Abdelaziz Bouteflika. Mais pour certains patrons des partis de l’opposition, il est devenu difficile de convaincre tous les candidats potentiels à se retirer de la course. C’est le cas de l’indépendant Ali Ghediri, un général major en retraite qui, dépossédé de ses soutiens importants, comme l’avocat Mokrane Aït Larbi ou l’infatigable Zoubida Assoul, persiste à refuser de s’aligner avec cette opposition. C’est également le cas du président d’El Bina, Bengrina Abdelkader, qui a subi de fortes pressions pour qu’il abandonne sa candidature et rejoigne ainsi le front du refus. Or, les lectures faites par la classe politique sont que la rue n’est pas contre la présidentielle en elle-même, ni contre un quelconque candidat, mais contre la « continuité » et le cinquième mandat. Ces demandes populaires pourraient encore se développer davantage et prendre l’allure d’une conscience politique.
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