Etrange ralentissement des activités ministérielles. L’exécutif fonctionne au ralenti, visiblement surpris par l’ampleur des contestations. Quasiment plus de «sorties sur le terrain» ni même de parrainage de séminaires. Les ministres se font discrets tout autant que le Premier ministre qui n’a plus fait de sorties médiatiques depuis sa prestation face aux députés.
Nawal Imès – Alger (Le Soir) – La grogne populaire met l’exécutif dans l’embarras : poursuivre ses activités comme si de rien n’était ou choisir la politique de l’autruche. C’est visiblement la seconde option qui est la plus confortable pour le gouvernement Ouyahia.
Le Premier ministre lui-même donne d’ailleurs l’exemple en réduisant drastiquement ses apparitions. Depuis qu’il a répondu aux députés qui l’avait interpellé au sujet de la déclaration de politique générale, plus aucune sortie publique pour Ouyahia. Ses ministres en font de même.
Si prompt à effectuer des sorties sur le terrain pour vanter les réalisations du Président-candidat, l’exécutif se mure dans un assourdissant silence. Les sorties médiatiques les forceraient en effet à répondre à des questions gênantes d’un côté tandis que d’un autre, leurs propos, souvent maladroits, pourraient raviver davantage la flamme de la contestation. Plutôt que de faire ce pari risqué, l’exécutif a choisi de «disparaître» des écrans en attendant des jours meilleurs.
Aucun membre du gouvernement ne souhaiterait en effet vivre ce que la ministre de la Poste et Télécommunications a vécu la semaine dernière. En «visite de travail» dans la wilaya de Khenchela, Houda Feraoun a eu droit à un comité d’accueil des plus particuliers. Alors qu’elle achevait son «inspection» d’un bureau de poste, des centaines de manifestants l’ont accueillie au sortir de ce dernier par des «dégage !» et des slogans hostiles au gouvernement.
La ministre n’a eu comme seul choix d’écourter sa visite et de rejoindre à la hâte son véhicule, entourée par ses proches collaborateurs.
Le ministre de l’Intérieur et la délégation qui l’accompagnait à Adrar pour y célébrer l’anniversaire de la nationalisation des hydrocarbures a eu droit au même accueil. Des centaines de manifestants se sont rassemblés autour de la salle devant abriter les «festivités».
Emblème d’un système dont ils ne veulent plus, le Premier ministre est la cible des manifestants depuis le début du mouvement.
Lors de la première marche déjà, Ouyahia avait été désigné comme l’homme dont la rue ne voulait plus. Les slogans brandis au cours des marches du 15 février puis celle du 22 du même mois ne laissent planer aucun doute sur le sentiment de ras-le-bol généralisé.
Le Soir d’Algérie, 7 mars 2019
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