Réduit à moins d’un kilomètre carré, le territoire de ce qui fut l’Etat islamique se résume aujourd’hui à une poche d’habitation en ruine et un «peuple» en haillons, affamé, apeuré et sans aucune illusion pour une quelconque issue à sa prison. Daech est donc fini comme projet, idéologie et promesse d’avenir pour les quelques milliers de ses «sujets» qui y croient encore.
La fin de cette folle époque qui a ruiné l’image de l’islam dans le monde et provoqué des centaines de milliers de morts parmi les Syriens et les Irakiens, ne doit pas absoudre les hordes sanguinaires, leurs théoriciens, leurs financiers et leur commanditaires de leur responsabilité. Daech doit être jugé par l’ensemble de l’humanité.
D’abord pour laver la religion musulmane de la souillure que ces fous pratiquaient sur elle, ensuite pour que le monde entier sache que Daech n’est pas ce qu’on croit que c’était. Ce n’est pas des illuminés qui ont cru faire revivre une époque lointaine en y mettant de l’horreur et de la violence. C’est bien plus que ça. Les illuminés, ce sont de la chaire à canon.
Il faut dire clairement que le doute n’est plus permis sur les intentions des occidentaux quant à la guerre qu’ils disent mener contre le terrorisme international. Les preuves sur les financements qu’ils ont accordé à des groupes notoirement connus pour être les géniteurs de Daech aura été un encouragement à la propagation du terrorisme, non pas seulement dans le Proche-Orient, mais dans le monde entier.
En ouvrant les vannes aux rebelles, les Occidentaux aidés en cela par des pays limitrophes à la Syrie et à l’Irak, n’ont rien fait d’autre que de donner à l’hydre terroriste des chances de se redéployer, d’abord militairement en réarmant ses troupes, ensuite politiquement en lui offrant l’occasion d’infiltrer des hommes «lourdement financés» dans les couches sociales les plus défavorisées en Syrie et ailleurs dans tout le monde arabe.
L’attitude américano-turco-qatari-européenne pourrait être étonnante. On pourrait penser que ces pays se tromperaient d’ennemi et qu’ils s’aviseraient de financer de manière aussi outrancière la plus dangereuse organisation terroriste de tous les temps (c’est, en tout cas, en ces termes qu’ils qualifient Daech). Mais on n’en est malheureusement plus à ce genre de réflexion. Il est illogique de croire à la thèse de l’accident dans la gestion de ces «révolutions».
Il est clair que dans la stratégie des puissances occidentales et de leurs alliés dans la région, Daech n’est pas l’ennemi numéro Un, mais simplement un outil comme un autre dans la refonte du monde arabe. Aujourd’hui, ils en ont quasiment fini, mais certainement pour le remplacer par Dieu sait quel autre monstre.
Par Nabil. G.
Ouest Tribune, 9 mars 2019
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