Les observateurs suivent avec attention l’énorme élan de mobilisation populaire qui déferle dans la rue algérienne.
Si une certaine presse ignore complètement le mouvement, ce qui est énergiquement condamnable, une autre tente d’orienter les slogans de la protestation à sa guise. Ainsi, si les journaux du pouvoir parlent de réformes, il demeure que certaines plumes de la presse privée se focalisent sur le rejet du cinquième mandat, de façon à conditionner l’opinion publique nationale à cet unique mot d’ordre. Or, l’enjeu est plus important que cette question.
Sans raccourcis ni détour, il s’agit d’aller vers la source du problème pour pouvoir proposer la solution. La crise algérienne ne date pas de 1999, puisqu’à cette époque-là déjà, les Algériens dénonçaient leur situation politique, économique et sociale. Elle va au-delà de l’arrêt du processus électoral de 1992, car bien avant déjà, les clignotants n’étaient pas au vert, que ce soit sur le plan politique – la démocratie n’était pas totalement acquise-, sur le plan économique –crise due à la chute des prix de pétrole- et sur le plan social –grèves multiples, divers problèmes sociaux… -.
La crise remonte au coup de force institutionnel contre l’assemblée nationale constituante, et qui a construit un régime despotique et autoritaire. Le même régime empêche depuis 1962 à ce jour, les Algériens de jouir de leurs droits les plus élémentaires, le même régime les humilie, le même régime les méprise, le même régime les exclut.
Parfois, les hommes changent au sommet, au gré des rapports de force au sein du système, qui sommes toutes, reste le même, fermé sur lui-même et refusant de s’ouvrir.
Le risque de la manipulation est là justement, les décideurs peuvent faire semblant d’être à l’écoute du peuple, en renonçant à la candidature de son candidat potentiel pour un autre favori qui ne changera en rien de la nature du régime.
Changer un homme par un autre, sans changer de système c’est de placer une personne, compétente et intègre soit-elle, dans un gouffre d’où il ne saura s’en sortir, c’est comme mettre une hirondelle au milieu des faucons, ou comme on change de cuillère alors que la soupe est salée.
Lier l’avènement de la deuxième république au départ d’une personne, c’est donner à cette dernière le titre imposteur d’avoir fondé la première. Or, une république est fondée sur des institutions dont le rôle et les pouvoirs sont définis par une constitution émanant du peuple à travers des représentants élus au sein de l’assemblée nationale constituante.
L’enjeu est que le système en place accepte de céder au choix du peuple, de passer du mandat unique du régime depuis 1962, au premier mandat du peuple, et qu’à la place d’un pouvoir usurpateur et despotique qui a régné par le coup de force et la dictature, on permette enfin, au peuple le droit de choisir les institutions et les hommes qui le gouvernent, à commencer par l’assemblée nationale constituante.
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