En Algérie, les scrutins se succèdent et se ressemblent. Il s’agit de répondre à des échéances sans aucun impact positif sur le vécu des algériens.
Les droits politiques, économiques, sociaux et culturels au cœur des revendications des citoyens sont ignorés.
Les élections constituent une simple formalité technique que le pouvoir organise pour se légitimer et pour la consommation internationale malgré le désintérêt manifeste des populations. En effet, après de nombreux scrutins, qu’est ce qui a changé pour notre peuple ?
Le discours officiel triomphant et les normes proclamées sont loin de refléter une réalité amère vécue quotidiennement par les algériens et les algériens.
Cela explique les rapports entre la société et l’Etat qui sont faits d’agressivité et de conflits permanents.
Les aspirations de démocratie, de liberté et de progrès social se voient toujours contrariées et étouffées. L’absence de gouvernance et les choix désastreux ont poussé des pans entiers dans le désarroi. Le phénomène des « harraga » est une parfaite illustration du désespoir qui prend de plus en plus d’ampleur avec de nombreux candidats au suicide collectif en mer.
A juste titre, pour les algériens, l’Etat n’est pas protecteur mais dictateur.
Tous les grands choix engageant la nation toute entière se sont faits de manière unilatérale et autoritaire pendant que les forces politiques, syndicales et sociales se voient ignorées et exclues de toute décision.
Les simulacres de dialogues ou de négociations sur les questions nationales regroupent toujours les mêmes acteurs, à savoir le pouvoir et ses relais.
Les professions de foi, à l’occasion d’échéances électorales, concernant la relance économique et une vie meilleure s’avèrent être des promesses sans lendemain malgré l’injection de masses importantes d’argent qui servent en fait à l’entretien d’une clientèle et à des relais liés à des sphères du pouvoir.
Avec le temps, ces pratiques anachroniques ont développée dans la société une méfiance puis une haine contre l’Etat et tous ceux qui le représentent ou l’incarnent.
Ainsi, tout conflit aussi minime soit-il peut se transformer en révolte, en émeutes, voire en drame.
Un Etat combattu par ses propres citoyens risque un effondrement à tout moment.
Ce type de pratiques a des effets désastreux sur l’ensemble des institutions qui ne sont pas reconnues comme siennes par les citoyens.
L’éradication de ces pratiques est vitale pour l’existence même de la nation algérienne car elles la menacent dans ses fondements. La concentration de toutes les décisions au niveau central a élargi encore plus le fossé entre l’Etat et les citoyens
La priorité aujourd’hui est d’apporter une solution ou des solutions à ce désastre national.
Quelle est la solution ou quelles sont les solutions à la hauteur de cette crise?
Qu’elle soit locale ou nationale, un scrutin ou une élection à elle seule peut-elle constituer une réponse à cette faillite nationale ? Ou s’agit-il de rechercher une solution globale dont les élections sont un aboutissement d’un processus ?
La cacophonie orchestrée durant de longs mois autour de la tenue dans les délais ou du report du scrutin relève d’une manifeste fuite en avant. C’est une autre diversion visant à détourner l’opinion sur le blocage du pays et le remue-ménage au sommet sur fonds de règlements de compte. Aussi, au lieu de discuter des besoins du pays, les dirigeants semblent privilégier les négociations au sein du sérail afin de trouver un candidat à même de garantir leurs intérêts et la pérennité de leur système rentier.
Le pouvoir et ses soutiens semblent ignorer la dimension et la profondeur de la crise.
Une élection organisée par les hommes du système et au sein du système ne peut que reproduire les mêmes résultats que ceux du passé. C’est un scrutin qui ne sera ni libre ni honnête. La seule préoccupation des organisateurs demeure le taux de participation qu’ils savent bien moduler.
Participer à cette dangereuse et inutile démarche d’une manière ou d’une autre c’est renforcer une politique anti nationale.
Aujourd’hui, une échéance électorale n’est pas une priorité. Il n’existe pas de messie pour sortir notre pays du gouffre ou il a été plongé. L’enjeu va au-delà de l’intronisation d’un homme ou d’une femme. Le débat national doit s’articuler autour d’un changement de fond qui garantit les droits politiques, économiques, sociaux et culturels au peuple algériens.
La priorité est la construction démocratique d’un Etat crédible au service du citoyen, respectueux et respectable sur la base de l’application des normes proclamées, reconnues et appliquées par tous
C’est cela un Etat de droit qui incarne des valeurs au service du citoyen et non un Etat incarné par des clans ou des individus.
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