Le général Manuel Antonio Noriega, né à Panama le 11 février 1934 et mort incarcéré dans son pays le 29 mai 2017 fut une personnalité politique panaméenne. De 1984 à 1990, en tant que chef des forces armées panaméennes, il exerça de facto le pouvoir dans le pays, sans avoir constitutionnellement le titre de chef de l’État. Détenu aux États-Unis pour trafic de drogue et blanchiment, il a été condamné au Panama par contumace pour meurtres. En 1987, Manuel Noriega est l’homme fort du Panama, dont il est dirigeant de fait. Il bénéficie du soutien des États-Unis et de bien d’autres pays. Il est ainsi fait commandeur de la Légion d’honneur par François Mitterrand le 22 janvier 1987, sur proposition du ministère des affaires étrangères du gouvernement Chirac.
… qui protège et autorise la production de 2 000 tonnes de drogue vers l’Europe. Le Maroc demeure le «principal producteur et fournisseur mondial de haschich, dont la production est destinée principalement aux marchés européen et africain», indiquait le Rapport mondial 2013 sur les drogues devant la Commission des stupéfiants de l’ONU à l’occasion de la Journée internationale contre le trafic et l’abus de drogues.
Le Maroc s’est forgé un statut de plaque tournante du trafic mondial de drogue. 72% du cannabis saisi dans le monde produit au Maroc.
Au Maroc, la région montagneuse du Rif tire l’essentiel de ses revenus des champs de cannabis. En dehors de quelques opérations de destruction destinées aux médias, le makhzen ferme les yeux.
D’après le chercheur Pasqual Moreno, le retour des profits du cannabis dans l’économie marocaine était de 2 milliards d’euros en 1997, soit presque le double de la manne touristique. Le cannabis est 40 fois plus rentable que les cultures de céréales : quand un hectare de maïs rapporte 800 euros, un hectare de cannabis peut rapporter dans des conditions optimales jusqu’à 30000 euros.
Le chiffre d’affaires généré par le narcotrafic est particulièrement difficile à estimer : il va de 80 ou 200 milliards de dollars par an selon certains chercheurs (respectivement Peter Reuter et Alain Labrousse) à 800 milliards selon certaines institutions internationales.
Il est clair que chaque agence gouvernementale américaine qui avait une relation avec Noriega a fermé les yeux à sa corruption et au trafic de drogue, alors même qu’il était en train de devenir un acteur clé au nom du cartel de Medellin (dont un des membres était le notoire Pablo Escobar). « Noriega a été autorisé à établir la première narcokleptocratie de l’hémisphère » . En octobre 1989, une tentative de coup d’État contre Noriega échoue, et le 20 décembre de la même année, les États-Unis envoient des troupes au Panamá (opération « Juste Cause »). Noriega se réfugie dans la nonciature du Vatican, mais il est extradé aux États-Unis. Reconnu coupable de trafic de drogue, Noriega est condamné, en 1992, à y purger une peine de prison de quarante ans.
L’invasion du Panamá, qui constitue l’intervention militaire américaine la plus importante depuis la guerre du Viêt Nam, se révèle traumatisante et controversée. Si elle viole à la fois le droit international et la politique américaine de non-intervention dans les affaires intérieures d’un État, elle est cependant bien accueillie par une majorité de Panaméens, pour qui elle apparaît comme le seul moyen d’éliminer un dictateur soutenu pendant des années par les États-Unis. Mais les conséquences de l’opération Juste Cause sont dramatiques pour les civils. En s’attaquant au quartier général de Noriega, à Panamá, les troupes américaines touchent aussi les quartiers avoisinants, laissant sans abri des centaines d’habitants. Officiellement estimé à environ 500, le nombre de Panaméens tués lors de l’intervention américaine est chiffré à plusieurs milliers par les organisations de défense des droits de l’homme.
Finalement, la drogue, comme les autres sources de revenus occultes, devient une ressource logique dans l’enrichissement nécessaire au clientélisme politique et donc dans les jeux politiques, qu’ils soient violents ou non (coups d´État, élections). Plus généralement, la captation de ressources extérieures, les possibilités d’enrichissement facile, l’insertion dans des réseaux hautement rémunérateurs, peuvent être perçus comme un moyen de rester dans le jeu politique et le commerce international, comme un moyen d’éviter la marginalisation et donc de retrouver certaines formes de légitimité aux yeux des acteurs subordonnés. Ainsi, la drogue n’est-elle, aux yeux de ce(s) réseau(x) mafieux/politique u’un moyen parmi d’autres (affaires, trafic d’armes…) de s’enrichir ou/et de rester au pouvoir.
Last Night in Orient, 30 mai 2017
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