Le chef de la diplomatie russe, Sergei Lavrov provoque la colère des Algériens. Sa déclaration faite, hier, à l’issue de son entretien avec le vice-premier ministre et ministre des affaires étrangères, Ramtane Lamamra, sur l’existence de « tentatives de déstabilisation de l’Algérie » en faisant référence à la crise qui secoue le pays a été interprétée comme un soutien indirect au pouvoir algérien.
Après avoir déclaré, il y a quelques jours, « que ce qui se passe en Algérie est une affaire interne », le ministre des Affaires étrangères russe change de terminologie. « Nous suivons avec intérêt ce qui se passe en Algérie. Nous constatons des tentatives de déstabilisation de la situation sur place », lance-t-il, sans donner plus de précision.
Selon le compte-rendu de la conférence de presse, animée conjointement par Ramatane Lamara et son homologue russe, publié par le site RT arabic, Sergei Lavrov exprime l’opposition de son pays « à toute ingérence dans les affaires interne du pays ». « Le peuple algérien décidera seul de son avenir, en se référant à la constitution », lance-t-il. Sur les réseaux sociaux, les réactions des internautes ne se sont pas faites attendre. Plusieurs facebookers ont dénoncé ce soutien russe au pouvoir algérien. Les internautes n’ont pas manqué l’occasion de condamner aussi l’attitude des tenants du pouvoir qui « ont internationalisé cette question interne ».
A la quête de soutiens étrangers !
Poussés dans leurs derniers retranchements par le mouvement populaire qui refuse de les reconnaître et d’accepter la feuille de route présentée, les tenants du pouvoir tentent désormais de chercher des soutiens à l’international. C’est l’objectif assigné, selon des observateurs, à ce périple européen de Ramtane Lamamra.
« J’ai exposé à mon ami et homologue, Sergei Lavrov la réalité de la situation en Algérie », lance-t-il, en appelant « au dialogue pour résoudre cette crise interne ». Avant d’arriver en Russie, le vice-premier ministre s’est rendu aussi en Italie et il sera aujourd’hui, en Allemagne.
A l’issue de son entretien avec le chef de la diplomatie russe, Ramatane Lamamra souligne aussi « que le président Bouteflika a accepté de céder le pouvoir à un nouveau président élu, tandis que l’opposition sera autorisée à participer au contrôle des élections ».
Pour lui, « le gouvernement algérien a répondu aux demandes légitimes du peuple algérien qui manifeste depuis près d’un mois ». Ainsi, Ramtane Lamamra confirme la volonté du chef de l’Etat de conduire lui-même sa feuille de route. Mais la tâche de Ramatane Lamamra s’annonce difficile. L’Italie, qu’il a visitée en premier, le presse de répondre à la demande populaire.
En effet, le premier ministre italien, Giuseppe Conte appelle le pouvoir algérien à « écouter les demandes du changement formulées par la société civile algérienne ». Le premier responsable du gouvernement italien réaffirme aussi son souhait « de voir l’Algérie assurer un processus démocratique global en respectant la volonté du peuple et ses intérêts ». Le premier ministre italien a, en rappelant que l’amitié algéro-italienne est très ancienne, «salué le caractère pacifique des manifestations », contre le maintien du président Bouteflika et pour le changement du système.
Samir Raba
L’Est Républicain, 19 mars 2019
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