Censure d’Aziza Brahim à l’IMA : Lettre ouverte de l’EUCOCO à Jack Lang

Lettre ouverte de Pierre Galand, Président du Réseau européen de solidarité avec le peuple sahraoui (EUCOCO) à l’attention de Jack Lang, Président du l’Institut du Monde Arabe (IMA).

Suite aux pressions des autorités marocaines, l’IMA a déprogrammé la chanteuse sahraouie Aziza Brahim du festival les « Arabofolies ». Pierre Galand dénonce une ingérence inacceptable dans la politique culturelle de l’IMA dont l’une des missions est pourtant d’être « le reflet de toutes les énergies du monde arabe ».

Objet : déprogrammation de la chanteuse Aziza Brahim du festival les « Arabofolies » à l’Institut du Monde Arabe

Monsieur le Président,

Nous avons été très interpellés par la déprogrammation soudaine de la chanteuse Aziza Brahim censée se produire le 10 mars dans le cadre du festival « les Arabofolies » à l’Institut du Monde Arabe. Chanteuse de talent, habituée de la scène, Aziza Brahim méritait amplement sa place sur l’affiche des Arabofolies.

D’après la chanteuse elle-même, celle-ci aurait été déprogrammée du festival du fait de son origine. Aziza Brahim est née dans les camps de réfugiés sahraouis et a vécu sa vie en exil. Ses textes sont emprunts de cette souffrance et de cette injustice vécue depuis plus de quarante ans par l’ensemble du peuple sahraoui, d’un côté comme de l’autre du mur du sable.

D’après un reportage diffusé sur France Inter le 6 mars dernier, le Royaume du Maroc aurait menacé de suspendre les subventions de ses mécènes si l’Institut du Monde Arabe autorisait Aziza Brahim à se produire. Cela constitue une ingérence inacceptable dans la politique culturelle de l’IMA dont l’une des missions est pourtant d’être « le reflet de toutes les énergies du monde arabe ».

Vous avez été, à trois reprises, Ministre de la Culture de la République. Comment pouvez-vous céder à des pressions triviales qui visent à censurer l’expression artistique d’un peuple vivant sous occupation ou en exil ?

La censure politique de l’expression culturelle est fondamentalement contraire aux valeurs de la République auxquelles, nous en sommes intimement convaincus, vous êtes profondément attaché. La déprogrammation de Mme Aziza Brahim entache gravement la réputation de l’Institut du Monde Arabe et ne fait certainement pas honneur à votre combat en faveur de la liberté artistique et de la pluralité culturelle.

Pour toutes ces raisons, Monsieur le Président, nous vous demandons instamment de revenir sur cette décision prise sous la contrainte de menaces et de tractations politiques. Nous vous invitons à reprogrammer Mme Aziza Brahim à l’Institut du Monde Arabe afin de témoigner de l’attachement de cette respectable institution aux valeurs fondamentales de la République.

Je reste à votre disposition pour toute information complémentaire.

Veuillez agréer l’expression de ma très haute considération.

Pierre Galand,

Président du Réseau européen de solidarité avec le peuple sahraoui (EUCOCO)

Sénateur Honoraire (Belgique)

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