Le député du RND et néanmoins fidèle lieutenant d’Ahmed Ouyahia a tiré un retentissant coup de sommation avant-hier soir contre le régime de Bouteflika. Sur le plateau d’El Bilad TV, il fit des déclarations osées en affirmant notamment que le pays était géré par des «forces extraconstitutionnelles et non structurées» et que son parti était contre la candidature du président Bouteflika au 5ème mandat.
Sorties de la bouche d’un haut responsable d’un parti du pouvoir, ces déclarations sonnent comme des bombes politiques explosées sur la place publique qui grogne depuis le 22 février précisément contre le passage en force du clan Bouteflika.
Il est clair que ces mœurs du régime telles que déclinées par Seddik Chihab renforceront à coup sûr la colère de la rue qui ne se faisait pas trop d’illusion par ailleurs. Il a juste dit tout haut ce que tout le monde pense tout bas à savoir que l’Algérie, du moins depuis le 4ème mandat et l’AVC du président, n’obéit plus aux règles d’une république qui fonctionne avec des institutions crédibles.
En un mot, c’est une gouvernance qui confine à l’informel dès lors que les partis proches du pouvoir ont dû cautionner le 4ème puis le 5ème (avant la fronde populaire) et la prolongation du mandat sans être convaincus comme le révèle Seddik Chihab.
Du coup, les algériens se posent légitimement la question de savoir qui gouverne réellement leur pays ? Il va sans dire que cette sortie médiatique tonitruante du lieutenant d’Ouyahia dix jours après le débarquement de ce dernier de la tête du gouvernement, est symptomatique de l’ambiance au sommet.
Le S.G du FLN Mouâd Bouchareb a lui aussi osé le grand écart en annonçant hier solennellement que «les enfants du PFLN accordaient leur soutien absolu au mouvement populaire» (sic). Il en a profité pour mettre tous les maux de l’Algérie sur le compte d’Ahmed Ouyahia sans le nommer feignant d’oublier que Sellal était Premier ministre pendant 5 ans et que l’exécutif était composé majoritairement des ministres de son parti.
De fait, les coûteaux semblent tirés entre les différents soutiens au président qui étalent publiquement leur linge sale après avoir béni l’agenda de Bouteflika en toute connaissance de cause.
Il est de bon ton maintenant de vouloir sauver les apparences en louant le peuple qui manifeste après lui avoir tourné le dos. Sans doute que ces déballages vont se poursuivre voire s’accélérer dans les prochains jours à mesure que le bâteau ivre de la prolongation de mandat prenne eau de toutes parts.
Quant au peuple, il ne prête pas trop attention à ces intrigues de palais et s’accroche résolument à son objectif de faire partir tous ces gens-là, sans exception.
L’Est Républicain, 21 mars 2019
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