La visite touristique avait été organisée par l’Association Andalouse d’amitié avec le peuple du Rif (ANDARIF) et les 6 membres du groupe avaient l’intention de faire une visite culturelle d’un week-end à Al Hoceima.
ANDARIF publie son indignation non seulement parce que le groupe de touristes a été expulsé sans justification ni explication, mais également en raison du manque d’attention des services consulaires d’Espagne au Maroc et exige du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération d’adresser une plainte à l’ambassade du Maroc en Espagne.
Le groupe des 6 Espagnols avait prévu de passer deux jours à Al Hoceima et ses environs avec un programme exclusivement touristique et culturel, dans un hotel rural situé dans la région. À son arrivée à la frontière de Melilla, et au cours de l’estampillage des passeports, le responsable du groupe, David Peñafuerte, a été informé que son passeport était défectueux. Après plus de trois heures d’attente au poste de police de la frontière de Ayt Nsar, le chef de la police lui a dit qu’il lui était interdit d’entrer dans le pays sans lui donner d’explication ni de raison, mais que le reste du groupe pourrait continuer jusqu’à Al Hoceima. Cependant, environ 2 heures plus tard, le groupe a été arrêté aux encirons d’Ajdir (à environ 8 kilomètres d’Al Hoceima) par un dispositif de police composé de 10 agents et de deux voitures de police. On leur a dit qu’il leur était interdit d’aller à Al Hoceima et ils ont ordonné au chauffeur du taxi dans lequel ils se trouvaient de retourner à la frontière de Melilla afin de procéder au retour des membres du groupe en Espagne. Pendant tout le trajet de retour, le taxi dans lequel se déroulait le groupe était escorté par un véhicule de la police pour assurer le rapatriement du groupe. Une fois à la frontière, le groupe a trouvé un dispositif spécial de la police marocaine qui a procédé à l’exécution des procédures d’expulsion et a accompagné les membres à la frontière espagnole. A aucun moment, aucune explication n’a été fournie sur les raisons de l’expulsion.
Pendant les longues heures du processus d’expulsion, David Peñafuerte et les membres du groupe revenant d’Al Hoceima ont tenté de contacter le consulat d’Espagne à Nador par le biais du numéro de téléphone d’urgence disponible sur le site Web du ministère des Affaires étrangères et Coopération, et que le ministère lui-même facilite par le biais d’un message téléphonique une fois la frontière franchie. Il s’agit d’un téléphone d’urgence qui doit fonctionner 24 heures sur 24 tout au long de l’année. Cependant, personne n’a répondu aux appels, ni au consulat d’Espagne à Nador ni à Rabat.
L’expérience montre que la répression du peuple rifain par le gouvernement marocain est restée ferme depuis le début des mobilisations sociales dans le Rif en octobre 2016. Des centaines de rifains ont été arrêtés et emprisonnés; certains ont été condamnés à 20 ans de prison; les arrestations continuent; la ville d’Al Hoceima est pratiquement assiégée et ses rues sont occupées par des forces de police. Cette expulsion n’a pas été un incident isolé. Ces derniers mois, de nombreux journalistes et représentants politiques européens ont été empêchés d’entrer dans la ville d’Al Hoceima.
ANDARIF demande au ministère des Affaires étrangères et de la Coopération et à l’ambassadeur d’Espagne au Maroc de s’adresser à leurs homologues marocains pour demander des explications sur le traitement accordé samedi dernier à 6 citoyens espagnols qui ont visité le pays voisin à titre touristique et qui ont été refoulés à la frontière sans explication, un comportement incompatible avec une relation de bon voisinage fondée sur la confiance mutuelle et le respect de la légalité internationale et des droits de l’homme.