par Kharroubi Habib
Depuis que les Algériens sont descendus dans la rue déterminés à barrer la route à un cinquième mandat pour Bouteflika et exiger le départ de celui-ci et du régime qu’il incarne, une frange de l’opposition qui a milité dans le même but a apparemment surmonté ses clivages, querelles de chapelle et de leadership en s’entendant sur une plateforme de propositions en vue d’une transition dont Bouteflika et son clan seront dessaisis du pilotage qu’ils cherchent à s’arroger à travers leur feuille de route.
Cette plateforme dispose que le pays aille à une courte période de transition au cours de laquelle le mandat du président sortant serait transféré à un organe présidentiel. Lequel serait composé de personnalités nationales «reconnues pour leur crédibilité, leur intégrité et leur efficacité» et devra s’employer à réaliser les revendications du peuple et à ne pas se porter candidat aux élections qu’il organisera.
Par ses dispositions la plateforme actée par des partis et personnalités de l’opposition converge avec ce que préconisent certains activistes et figures en vue du mouvement populaire anti-régime. Le hic en l’affaire est qu’au sein du mouvement populaire ce processus avancé et par l’opposition et par les activistes et figures en question ne semble pas faire consensus.
Ce n’est pas faire procès à cette frange de l’opposition de dire qu’elle n’est pas en odeur de sainteté au sein du mouvement populaire qui n’entend pas pour cette raison en faire son porte-parole. Il est vrai aussi qu’elle a maladroitement tenté de capter à son profit l’intifada populaire qui s’est déclarée et qu’elle n’avait nullement anticipée et a de ce fait provoqué la méfiance de ses protagonistes pour toutes les initiatives ou propositions venant d’elle.
Cela étant, il est incontestable que sa plate-forme dispose des préconisations qui sont susceptibles de dépasser la crise institutionnelle et constitutionnelle à laquelle Bouteflika et son clan condamnent l’Algérie en s’accrochant au pouvoir.
Son point faible est celui qu’elle laisse dans le vague le comment seront désignées les personnalités nationales appelées à constituer l’organe présidentiel. Est-ce que cela reviendrait au mouvement populaire et par quelle procédure, ou aux partis et personnalités de l’opposition, ou est-ce à l’armée à laquelle les signataires de la plateforme ont demandé de «répondre aux demandes de la population et de contribuer à leur réalisation dans le respect de la légitimité populaire» ?
L’entente sur la question ne va pas être aisée à obtenir, ce qui promet des controverses et des déchirements qui risqueront de désunir le mouvement populaire anti-régime et donner prétexte aux soutiens de ce dernier à imposer la solution à la crise la plus insidieusement mortifère pour les attentes populaires.
Le Quotidien d’Oran, 25 mars 2019
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