par M. Aziza
La secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune a rejeté les propositions d’une partie de l’opposition qui a plaidé pour un présidium (instance présidentielle provisoire) et celles faites par des pro-systèmes. Pour elle, toutes ces alternatives se rejoignent sur la nécessité, selon ces acteurs, d’aller vers une «période de transition» et pour la conception « des instruments de transition».
Intervenant, hier, à l’ouverture des travaux du bureau politique de son parti, Mme Hanoune a appelé toutes les forces politiques du pays à laisser le mouvement populaire s’épanouir car il a besoin de plus de temps pour la «maturation». Et d’affirmer dans ce sens qu’ «il n y a aucune révolution qui a atteint ses objectifs en un mois».
Louisa Hanoune a, également, lancé des mises en garde en avertissant contre «toute précipitation ou toute tentative d’empêcher ou de vouloir écourter le processus révolutionnaire algérien qui pourrait tourner au chaos». Elle a tenu à préciser que ce processus révolutionnaire n’est pas un «Hirak» ni même «un printemps arabe» mais c’est «une révolution typiquement algérienne».
Pour la SG du PT, le dernier mot revient au peuple pour trancher s’il veut «un régime parlementaire», ou s’il veut, par exemple, «un régime semi-présidentiel ou présidentiel». Et de s’interroger «pourquoi imposer aujourd’hui des élections présidentielles, alors que le peuple n’a pas encore tranché sur la nature du régime ?».
Selon Louisa Hanoune, «la logique dit que le peuple doit pouvoir chasser ce système du parti unique qui s’est élargi aux partis RND, MPA, et TAJ et des partis du deuxième collège et qui s’est élargi aux mafias et aux oligarques, puis le peuple va décider de la nature du régime qu’il veut et fixera par la suite le calendrier électoral».
Le Parti des travailleurs affirme qu’il n’est pas contre l’opposition, mais s’est dit pour un dialogue avec le peuple sur l’ensemble des possibilités existantes, et non pas se focaliser sur «la période de transition», qui n’est pas une solution «positive» selon le PT.
Pour Mme Hanoun, les périodes de transition n’ont jamais réussi, notamment, dans les pays africains dont certaines ont duré 6 à 7 ans. Elle prévient, en outre, en affirmant qu’«aucune période de transition n’a eu lieu, sans un protectorat étranger».
Louisa Hanoune a noté, parallèlement, que les déclarations très contradictoires des directions du FLN et du RND sont en fait, une expression publique et même violente de l’accélération de la crise du système, dont ces deux partis sont l’incarnation. En fin de compte, dit-elle, «les directions de ces deux partis sont revenues à leur source où elles étaient contraintes de soutenir les propositions du président de la République, c’est-à-dire, contourner la volonté du peuple pour sauver le système et essayer de le maintenir quelque temps, «ce qui permet aux oligarques de siphonner les 85 milliards de dollars de réserves de changes et d’accaparer davantage de foncier et ruiner complètement le pays». Car dit-elle, ces partis n’ont jamais été indépendants sauf dans la période de feu Abdelhamid Mehri, ancien secrétaire général du FLN. Louisa Hanoune a, également, lancé des mises en garde en affirmant que « des informations circulent au sujet de l’octroi des parcelles de foncier et des crédits colossaux en devises à des prédateurs, après le 22 févier, c’est-à-dire après le déclenchement du processus révolutionnaire ». En soulignant «qu’en principe et dans les situations révolutionnaires lorsque la question du pouvoir et du système est posée, la mission du gouvernement se limite à la gestion des affaires courantes en attendant l’amorce du changement, la mise en place des institutions définies par la majorité du peuple, dans le cadre de la rupture avec l’ancien système et l’ancien régime». Et d’expliquer que cela veut dire que «les banques publiques, le gouvernement et tous les ministres et autres responsables ne doivent, en aucun cas, prendre des décisions importantes d’autant plus, lorsqu’il s’agit de décisions qui hypothèquent le sort de la nation ou qui permettent la poursuite de la prédation et de siphonner l’argent public».
Elle a de ce fait appelé les procureurs généraux à s’auto-saisir pour l’ouverture des dossiers de corruption et de dilapidation des biens publics. Elle a, également, appelé les walis à cesser de sélectionner des personnes, des individus comme faux représentants pour assister à la conférence nationale, que les partisans du maintien du système veulent imposer, coûte que coûte. Et de souligner encore que la ré-appropriation et l’émancipation de l’UGTA par les travailleurs et les syndicalistes est une condition majeure pour empêcher les forces de la réaction et de la contre-révolution de dénaturer la lutte révolutionnaire et de confisquer la révolution.
Le Quotidien d’Oran, 27 mars 2019
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