Depuis mardi, la scène politique algérienne est marquée par de très nombreuses réactions faisant suite à la demande de l’application de l’article 102 par le chef d’état-major. La réponse la plus attendue émanera cependant de la rue qui s’apprête à vivre un nouveau vendredi de contestation.
Abla Chérif – Alger (Le Soir) – Les appels en cours pour une nouvelle mobilisation citoyenne ce week-end peuvent être d’ores et déjà considérés comme étant un début de cette réponse. Les Algériens se sont fixé des objectifs très clairement exprimés à travers des mots d’ordre réactualisés en fonction de l’évolution de la situation et il est très peu probable que la dernière sortie de Gaïd Salah ait été accueillie comme étant une «mesure» passible d’inverser la tendance.
En attendant vendredi, plusieurs éléments sont ainsi à prendre pour tenter d’évaluer la manière dont se traduira l’expression populaire. Le premier a trait à la situation qui a prévalu durant les premières heures et au lendemain du discours tenu par le chef d’état-major à Ouargla.
Les manifestants (des étudiants surtout) réunis à la place Audin pour maintenir la pression n’ont pas été rejoints par une foule en liesse et surtout favorable aux déclarations inattendues réclamant le départ de Abdelaziz Bouteflika par l’application de l’article 102. Des citoyens sortis à bord de véhicules exiger le départ immédiat du président de la République n’ont pas été suivis.
Les journalistes de chaînes de télévision privées dépêchés rapidement sur place sont repartis sans images particulières. A l’inverse, on a constaté l’affluence de plusieurs petits groupes venus prendre la température et rechercher des explications. Petit à petit, les lieux se sont transformés en espace de concertation, de débats. Il s’en dégageait du scepticisme, des doutes (quant à l’intention véritable des auteurs de l’appel), des interrogations, mais en aucun cas une acceptation unanime de la proposition largement relayée par les médias étatiques.
Le second élément à prendre en compte est inévitablement lié aux réactions qui s’enchaînent sur Facebook. Ce réseau social numéro un dans le pays a constitué le point de départ indéniable de la contestation en cours. C’est de là que sont partis les premiers commentaires virulents faisant suite à la confirmation de l’option du cinquième mandat, des appels à exprimer des réactions hors du cadre virtuel, que se sont en somme organisés les Algériens en vue du déclenchement des manifestations du 22 février. Et c’est là encore que des appels à la prudence on été postés très peu de temps après la déclaration de Ouargla. Des intellectuels ont décortiqué le contenu de l’article 102, les dispositions de loi portant sur les étapes menant à la disposition de la loi avant d’aboutir à des conclusions largement relayées : «Dans le meilleur des cas, écrivait ainsi un internaute, on aura Bensalah pendant 45 jours, dans le pire, ce sera à Belaïz de décider pour nous, c’est une grosse couleuvre qu’on veut nous faire avaler».
Tout au long de la journée d’hier, les internautes ont été très actifs, publiant des messages hostiles à cette proposition qui pourraient bien être présents dans les prochains slogans. En attendant la confirmation de vendredi…
A. C.
Le Soir d’Algérie, 28 mars 2019
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