La journée du 1er avril 2019 aura été marquée en Algérie par le déversement d’un flot d’informations qui ne prêtaient vraiment pas à rire, malgré le côté loufoque de bien d’entre-elles. La mode étant aux fake news et autres ballons sonde, il était très difficile pour les gens des médias de recouper et confirmer des nouvelles y compris auprès de sources dites officielles.
Le déferlement de communiqués et de dépêches annulait ou rendait caduc leur contenant selon l’ordre d’arrivée.
Le démenti du Général Toufik, assurant qu’il n’a jamais assisté à une réunion secrète a été immédiatement suivi par la diffusion de photos sur la chaîne Ennahar, qui montraient l’ex patron du DRS à l’entrée et au sortir de la résidence de Liamine Zeroual au Club des Pins. Le journal El Biled, titrait à sa Une d’hier que M Bouteflika allait annoncer sa démission au cours de la journée du lundi. Ce qui fut fait. L’autre chaîne Echourouk, a fait des directs «bidons» à partir du Conseil Constitutionnel où se tenait, selon son correspondant, une réunion afin de déclencher la procédure de destitution du président. Ce qui s’est avéré faux.
Sur Numédia News, la chaîne de Tahkout passait en boucle un démenti quant à une interdiction de sortie du territoire de son patron. Le procureur général d’Alger, ne se fera pas prier pour publier la liste des hommes d’affaires concernés par l’ISTN. Trois membres de la famille Tahkout, y figuraient en bonne place. Enfin, Dzaïr TV par la voix de l’avocat du groupe ETRHB propriétaire de ladite chaîne, dénonçait la disparition de son patron, en l’occurrence Ali Haddad. Kif-kif, la liste communiquée par le parquet comptait les deux frères Haddad, parmi les oligarques placés sous enquête.
Ainsi ce sont pas moins de quatre médias lourds qui se sont mis en ordre de bataille pour désinformer le grand public, juste pour défendre « leurs » patrons.
C’est dire que le paysage médiatique national est pollué à un point inimaginable et ne profite qu’à ceux qui ont les moyens de s’offrir des plumes et des voix, fort heureusement pas toutes frappées du sceau du mercenariat.
A tout cela, s’ajoute le rôle néfaste de certaines pages à forte audience sur les réseaux sociaux, dans la propagation de fausses informations et le colportage de rumeurs ainsi que de photos truquées.
C’est dire qu’à l’avenir, il est urgent d’organiser le paysage médiatique et de le doter d’instruments de contrôle stricts. De même, certaines publications sur les réseaux sociaux doivent répondre des méfaits de leurs auteurs devant des juridictions correctionnelles. La liberté d’expression, c’est tout sauf à ce que nous subissons en Algérie.
C. Mechakra
Le Provincial, 2 avr 2019