Aprés la visite et la bénédiction papale, faisons l’état des lieux du mouvement rifain !
Par Rachid Oufkir
Je vous livre 4 élèments :
1- l’impasse est évidente. L’entêtement du pouvoir est officiel et formel. Notre organisation est pathétique, pendant que le dispositif makhzenien, quant à lui, il est sophistiqué, dans cette guerre internationale de l’information. A titre d’exemple, avant pendant et aprés la visite du Pape François, et sa couverture par les médias internationaux aucune mention n’a filtré sur l’état de la société profonde, ni d’ailleurs sur le RIF, si ce n’est de Aprésmarteler que le Maroc est un pays sûr, la paix y règne, la monarchie se porte bien et MVI est un roi bienveillant. Aucune opposition ni dissidence n’ont été signalées. Le monde entier a compris que tout se passe pour le meilleur du monde dans ce pays de l’exception. Conclusion pour ma part : On ne pèse que dalle ! Notre poids dans la balance demeure maigre.
Je considère sincèrement que nous avons des ressources, que nous pouvons faire mieux et agir intelligemment pour favoriser note agenda.
2- Je ne peux pas faire l’impasse sur un phénomène qui me déplait car il est insidieux, mine le processus de notre émancipation collective, le prive de son élan, enfin car il engloutit nos énergies collectives. J’en donne quelques aspects : la surveillance malveillante, la suspicion, la médisance, le flicage, la fourberie, le fascisme (Au sens figuré) l’intolérance du pluralisme, un état de désunion, de « dérassembment »…sur l’essentiel, sur le tronc commun : l’appartenance commune au corps rifain, et son patrimoine. C’est mon grief majeur à l’endroit de la dynamique de ce mouvement.
Une simple recommandation dans l’optique d’avancer et mettre un peu de l’ordre dans nos conceptions :
Revenons au B.a.-ba de la lutte politique/ Soyons réalistes, nous sommes tous attachés à la liberté : Séparés nous sommes vaincus, et rassemblés nous triompherons.
Pendant ce temps là, que chaque camp (Puisqu’il y a des camps séparés, différenciés) se mette à construire sa propre alternative, son projet de société, solide, faisable et proposer le tout au peuple et à l’opinion publique. Que chacun arrête de squatter ça et là, faute d’avoir une idée claire du devenir qu’il veut, que chacun nuance les choses et prenne la mesure de la situation réelle, et mette un terme au zèle déployé ça et là à vouloir, à tout prix, casser, disqualifier l’autre, parce qu’il ne serait pas authentique, libre , et d’autres infamies encore…. Quand on observe l’atmosphère dans laquelle se déroule le débat , et la teneur de ce dernier , ce qu’on voit en première ligne ce sont les arguments ad hominem, dont les attaques et les invectives.
En résumé, l’état de nature dans toute sa plénitude, J’espère me tromper sur ce dernier point !
C’est une attitude puérile, risible, minable et n’avance à rien. Elle emmène à l’autodestruction ! Tout le monde a besoin de tout le monde ! Soyons humbles ,nous sommes tous reliés, d’une manière ou d’une autre ! Notre situation se rapproche de la fameuse sentence de Mis n xaldun (Ibn Khaldoun ) à savoir que les rifains se sont entendus pour ne jamais s’entendre. Essayons d’éviter cela et soyons à la hauteur, sur l’essentiel. Ne soyons pas clivants.
3- entre nous, l’évaluation de la situation est ficelée, il n’y a rien à rajouter :
Le makhzen et le Maroc étatique sont vilains, leurs manigances, leurs motivations ne sont défavorables. une vérité intrinsèque à ces deux corps politiques Ils ont pour objectifs de nous effacer. C’est une opinion majoritaire. La situation dans laquelle est placé le RIF nous apporte la preuve logique de cela.
La typologie des projets proposés :
⁃ Pour les uns, la panacée à ce problème existentiel, c’est la coupure totale, un RIF indépendant, souverain, autodétermination etc…
– Pour les autres, ce sera un RIF dans un Maroc fédéral, démocratique. Même monarchique, comme forme d’Etat, ça ne les dérange pas,. Ils misent sur la démocratisation et la « réformabilité » du makhzen
⁃ D’autres encore, sans identité politique bien définie, mais ils se cherchent, car ils ne mettent en avant aucun projet défini particulier, si ce n’est une idéologie particulière et ils se contentent de tâcler ça et là.
Certains ont le mérite d’avoir des politisions novatrices, d’annoncer, de défendre et d’assumer , sans ambiguïté aucune, leurs idées publiquement, une qualité qui manque à d’autres.
La compétition des idées et des projets soigneusement pesés est une approche légitime et justifiée. Accompagné d’un peu d’éthique et de la chaleur humaine, tout sera « nickel », et surtout gardons intactes les relations humaines, le ciment social, le contexte et le réceptacle où doivent évoluer nos interactions et nos échanges : la fraternité, la solidarité. Je ne vous cache pas que les considérations éthiques est un critère capital.
Notre bataille se doit d’être politique dans son sens plein. pas seulement sur le plan des droits humains. C’est en politique que nous devons aborder le devenir du RIF. Cette bataille est rude, chacun doit s’attendre à consentir des sacrifices, notamment en matière de liberté et de sécurité.
4- Comment nos aïeux, jadis, ont pu affronter vaillamment, et avec des moyens rudimentaires, deux grands puissances de l’époque ? Qu’est ce qu’ils ont de plus ou de moins que les contemporains ? Ma réponse et ce que j’en pense, c’est qu’eux ils agissaient beaucoup sur le terrain et parlaient moins. Ils étaient de redoutables militants et convaincus. Ils savaient ce qu’ils voulaient. Ils avaient une force de l’esprit et des convictions. Ils avaient de l’amour de la liberté. Tous les rifains étaient unifiés sous le magistère du bon sens : chasser l’ennemi et reprendre leur liberté. C’est là que gît leur gloire, leur génie. Ils étaient rudes, gaillards, féroces dans le combat. Leur bataille était lancée exclusivement contre leur adversaire et non envers leurs alliés.
Tags : Maroc, Rif, Hirak, répression,