Par Nabil Semyane
Algérie1, 9 Avril 2019
Ce vendredi 19 avril 2019 marque le neuvième acte du mouvement de protestation qui dure mais surtout qui tient bon depuis le 21 février. A Alger, vitrine et épicentre de la protesta, la foule est encore au rendez-vous. Les inquiétudes de la matinée s’estompaient à mesure que les heures passaient et les manifestants affluaient.
De Kabylie surtout, malgré les barrages filtrants et de longues files de véhicules et de bus sur l’autoroute est- Ouest, selon des témoignages. Des manifestants venus aussi de Blida Tipasa, de Ain Defla. Même du Sud du pays. « C’est Alger le cœur du Hirak », résume un habitant d’El Mgheyer, Wilaya de Oued Souf, qui a passé la nuit de jeudi à vendredi dans un hôtel, avenue Ben Boulaid, pas loin de la Grande Poste « pour être au rendez-vous».
A Midi l’esplanade de la grande poste est noire de monde, tel un serpent qui sur le boulevard Didouche, jusqu’ à la place Maurice Audin, du nom de ce jeune mathématicien français mort sous la torture des soldats du Général Massu, pour la Révolution algérienne.
Après la sortie des fidèles des mosquées, c’est le raz de marée humain. De tous les boulevards, ça se déverse par escouades successives, direction la Poste. La foule est bien au rendez-vous et les craintes de voir certains rester à la maison ne se sont pas avérées, notamment les familles, après les incidents de vendredi passé.
Toujours la même joie, la même convivialité des manifestants, surtout des jeunes avec des couleurs à profusion, avec dominante vert, Blanc, rouge, le drapeau national. Mais aussi l’emblème Amazigh. Un pied de nez à Gaid Salah, après ses propos à Ouargla sur « le respect du drapeau national ».
Question slogan, c’est quasiment les mêmes qui reviennent depuis quelques semaines. « Vous avez bouffé le pays, bande de voleurs », « Quand l’arbitraire est loi, la résistance devient devoir », « ils partiront tous, on a dit tous » , sont autant de slogans entonnés ou inscrits sur les banderoles.
En fin de matinée, un groupe de « Patriotes » en tenue de paras, venus de Khenchela ont ravi l’attention des manifestants. Sous la conduite d’un « chef d’orchestre » ils répètent des slogans bien appris. « Zeroual, le devoir t’appelle », « Ya Toufik y a Khaine (Toufik traitre), répètent-ils dans un chœur ponctué de « Kassaman ».
Gaid Salah n’est pas épargné en image et en son. Sur une pancarte, on le voit affalé sur un canapé et Ben Salah assis sur son biceps. « Gare aux manœuvres », lit-on en bas du dessein. « Les fils du complot commencent à se démêler », clame une autre pancarte sur laquelle on voit encore le chef de l’Armée.
Tout au long de la rue Didouche, des groupes de manifestants pour échanger sur la crise, son dénouement. Avec des termes parfois vifs qui montrant que chacun voit midi à sa porte et que le consensus, ce n’est pas pour demain la veille.
Mustapha Bouchachi, entouré de ses amis a fait une incursion à la rue Didouche. « Le Hirak doit se poursuivre et la pression ne doit pas être lâchée, jusqu’à ce qu’ils partent tous », assène t-il sous les acclamations de la foule qui crie « Bouchachi, président ! Bouchachi président ! »
Si le Mouvement n’a pas perdu de sa vigueur, ni de ses couleurs et de ses sonorités, ni de convivialité joyeuse, reste qu’il y a comme un sentiment de déjà vu, de déjà entendu. Comme sur ce plan , le Hirak a épuisé tous ses charmes. Peut-être est-il déjà temps de passer au coup d’après.
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