Liberté de la presse vs sacralité de la santé du Roi
Blog de Mounir Bensalah, 7/09/2009
Dans un geste progressiste, un communiqué du palais royal, premier du genre ( Cf communiqué sur la bonne santé du Roi ), informe les marocains que « SM LE ROI EN CONVALESCENCE DE 5 JOURS, MAIS SON ÉTAT DE SANTÉ NE JUSTIFIE AUCUNE INQUIÉTUDE ». Nous ne pourrons que se féliciter d’un acte de transparence de haute qualité et souhaiter prompt rétablissement au Roi.
Le cœur du communiqué parle de « Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu L’Assiste, présente une infection à rotavirus avec signes digestifs et déshydratation aiguë nécessitant une convalescence de cinq jours ». Voilà ce qui donne envie au commun des mortels, de savoir ce que c’est ce rotavirus.
La presse écrite marocaine s’est saisie de l’occasion de l’ouverture et la transparence affichée par l’institution centrale du pays et a cru, comme tout le monde, naïvement, que « l’information est sacrée, le commentaire est libre ». Chaque publication fera son affaire pour donner le scoop, commenter l’événement de transparence inédit et surtout expliquer ce que veux dire ce mot bizarroïde de rotavirus.
Premier acte après la publication des dossiers, « Le parquet près le tribunal de première instance de Rabat a ordonné à la police judiciaire de diligenter une enquête minutieuse avec le directeur de publication du journal “Al Jarida Al Oula”, suite à la publication, le 27 août 2009, d’un article intitulé “la maladie du Roi reporte les causeries religieuses et Son déplacement à Casablanca”, ainsi qu’avec toute personne impliquée dans cette affaire ». Ali Anouzla et Bouchra Addou passent plus de 80 heures d’interrogatoires, notamment sur la source qui leur avait révélé que le Roi « était atteint d’asthme et qu’il est traité de médicaments à base de corticoïdes ». Mieux encore, le parquet ne lui suffit pas deux journalistes. Il interpelle les journaux Alayam et Almichal.
Alayam a titré « la vérité de la maladie de Mohamed VI ». Dans son dossier, la publication se demande si le Roi « souffre d’une maladie de l’asthme » et martèle que « seul Dr Maouni, médecin du Roi, est capable de répondre ». Abdelkrim Elmanouzi, spécialiste de l’appareil digestif, figure de gauche de l’USFP, explique que le fait que « le Roi soit atteint du rotavirus est une chose normale, parce que c’est une maladie démocratique » ! Il ajoute « que c’est une maladie normale qui ne nécisste pas plus d’une semaine de convalescence ».
Almichal, quant à lui, a consulté un autre spécialiste, Boubekri Mohamadine, membre du PSU et président du syndicat libre des médecins. Le pauvre Toubib de gauche a subi un interrogatoire pointu de plusieurs heures. Fait rapporté par Le soir Echos dans sa livraison du Mardi 08 Septembre.
Dernier développement dans l’affaire, « Le directeur de publication du journal « Al Jarida Al Oula », Ali Anouzla et la journaliste Bouchra Edaou, auteur de l’article « La maladie du Roi reporte les Causeries religieuses et Son déplacement à Casablanca », publié par le journal, comparaîtront le 29 septembre devant le tribunal de première instance de Rabat », selon un communiqué de la MAP.
Récapitulons : 10 journalistes ont subi des interrogatoires marathons, un médecin interpellé. Le communiqué officiel initial parlé de « fausses informations concernant la santé du Roi » qui n’ont pas de lien avec « la vérité » que contient le communiqué. Je ne suis pas peut-être spécialiste de la presse, mais je ne comprends pas qu’il puisse exister, avec mon background, « une vérité » que la presse serait obligée de relayer. Bien sur, comme d’habitude, quand tu fais taire ta presse, celle des autres, qui généralement n’a aucun souci national, profite pour te donner des leçons, ne serait-ce qu’ici, ici et là. Fekha yamen we7eltiha. Je pense à notre camarade khalidov, qui me traitera de tous les noms. Tout simplement, vous faites la gaffe, après vous venez criez, au nom du patriotisme, que l’on soit solidaire face à cette presse, qui si vous la contrôliez, elle sera aussi sous le verrou. Et remarquez que je n’ai aucune sympathie pour cette presse, je défends tout simplement un principe universel, qui s’appelle la liberté d’expression, qui, selon l’artcile 19 de la déclaration universelle des droits de l’homme, veut dire « Tout individu a droit à la liberté d’opinion et d’expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d’expression que ce soit. ». Je suis sur que le Roi, comme il l’avait montré dans de précédent cas, fera signe d’indulgence et abandonnera la poursuite collective des journalistes !
Remarque qui n’a rien à voir avec ce qui précède. Le journal arabophone du parti du premier ministre titre à sa une samedi dernier : « La compagne agressive contre ce chef d’Etat [Cf Kaddafi] frère est la cause de la convocation du président du polisario à la Libye ». Cela ne mérite pas une poursuite, dans la même logique, pour information abrutissante touchant la sacralité de la cause nationale !
La mystérieuse maladie de Mohammed VI, roi du Maroc
Le Matin d’Algérie, 10 jui 2013
Alors que Mohammed VI s’emmure de plus en plus dans l’absence et le silence, la rumeur gronde qu’il pourrait être gravement malade.
Mais qu’est-il arrivé au roi du Maroc ? Voilà une question qui enflamme discrètement tout le pays. Car la santé du monarque est un tabou. On en parle à mi-voix, sans le crier. Pourtant tout le monde a remarqué les changements physiques. C’est en effet un secret de polichinelle dont personne ne parle, mais que tout le monde sait ou presque. Pourtant la toile frémille de nouvelles ou d’observations difficiles à confirmer. « L’image est déroutante pour un roi qui n’a pas 50 ans » note un facebooker évoquant son apparition à Nador. « Auparavant, nous avions peur du roi, aujourd’hui nous avons peur pour lui », glisse-t-il avec malice.
Mohammed VI, le souverain marocain, est depuis plusieurs jours dans son château à Betz en France où il est entouré d’une grandes prévenances de la part des autorités mais aussi d’une certaine presse française qui lui est fort amène. Mais alors quels sont les indices qui font soupçonner que le roi est malade ? Précisément : aucun, hormis l’évocation d’une intervention chirurgicale qu’il a subi en 2008, selon Pedro Canales, journaliste espagnol.
Plus clairement, il semble qu’un flou opaque soit maintenu coûte que coûte autour de l’état de santé du jeune monarque. Chacun sait qu’il se trouve dans son château en Picardie, mais aucune chance de l’apercevoir, car il est gardé par une armada de forces de l’ordre qui font barrage. Aucun message n’émane de lui depuis plusieurs jours, et ses apparitions télévisées quotidiennes, dont il a fait une habitude depuis son intronisation, brillent à présent par leur absence.
Malgré les très nombreux démentis – peut-être trop nombreux justement, et trop véhéments – Mohammed VI figurerait-il parmi ces chefs d’Etat africains qui se réfugient en France pour raisons médicales ? Le président Abdelaziz Bouteflika se trouve lui-même à Paris depuis un mois et demi dans un état critique. Et les déclarations rassurantes des ministres ne changent en rien au mystère de la santé de Bouteflika.
L’information, pour le moment, reste invérifiable. Et c’est précisément cette incompréhensible impossibilité à obtenir la moindre information qui donne à la rumeur tout son poids. Que cela soit pour Bouteflika ou Mohammed VI.
Un député français parle de « la maladie » du roi Mohammed VI (vidéo)
Bladi, 22 jan 2017
Le 18 janvier dernier à l’assemblée nationale française, deux députés (Guy Teissier – Les Républicains et Jean Glavany – Parti socialiste), ont dévoilé leur rapport d’information sur la coopération européenne et les pays du Maghreb.
Durant leur audition, Jean Glavany est revenu sur la fragilité du pouvoir dans les trois pays du Maghreb à savoir la Tunisie, l’Algérie mais aussi le Maroc.
« Je suis frappé de voir à quel point tout tourne autour des hommes et de leur fragilité. En Tunisie, le pouvoir exercé par Nidaa Touness et Essebsi 89 bientôt 90 ans… fragilité extrême, déclare devant la commission le député, avant de rebondir sur le Maroc.
« Et au Maroc, un roi courageux, un roi moderne, visionnaire à certains égards, mais cet homme est un roi malade. Je ne suis pas porteur de secret médical, mais tout le monde sait qu’il est atteint d’une maladie à évolution lente qui est soignée à coups de cortisone. Et lui aussi, il représente après Essebsi et Bouteflika les pouvoirs personnels qui sont d’une grande fragilité et sur lesquels pèsent beaucoup de points d’interrogation. »
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