Le Maroc communique beaucoup sur le sujet de la menace terroriste au point qu’une instrumentalisation du sujet est envisageable en raison du faible niveau de la menace.
Pressentant la fin de Daech, Rabat a multiplié les annonces de démantèlement de cellules terroristes. Le nombre d’annonces était en contradiction avec les appels à des offres touristiques qui dessinent le royaume comme un paradis pour les vacances.
L’exagération de la menace terroriste est justifiée par la volonté de Rabat de s’accaparer les richesses du territoire du Sahara Occidental et d’imposer le silence de l’Occident sur ses excès en matière de violations des droits de l’homme.
C’est ainsi que le jugement des prétendus assassins des deux jeunes scandinaves, Maren Ueland et Louisa Jespersen, a été remué. Le but est de rappeler l’existence d’une menace terroriste souvent exagérée en vue d’entretenir un sentiment durable d’insécurité.
Les autorités de Rabat ont agité cette affaire à un moment où elles sont acculées sur deux fronts : Le Rif, où des activistes sociaux ont été condamnés à 20 ans de prison, et le Sahara Occidental où le Conseil de Sécurité met la pression en vue de mettre fin à un conflit qui empoisonne la région depuis plus de 43 ans et où le Maroc s’accommodait d’un statu quo devenu insupportable pour la communauté internationale et les peuples de la région.
Dans le cas des deux touristes randonneuses égorgées et décapitées dans la région de Marrakech, il s’agit d’un banale crime de droit commun que les autorités marocaines ont déguisé en attentat terroriste dans le but d’entretenir la menace terroriste, d’une part, et d’éviter ses répercussions sur les recette du tourisme, un secteur vital pour le pays.
Cependant le scénario créé en vue de faire passer cette version manque de pièces convaincantes. D’abord, de nombreux observateurs se demandent pourquoi les inculpés ont tenu à documenter leur crime d’abord en filmant les faits, ensuite en publiant une vidéo où ils déclarent leur allégeance à Daech avec les visages à découvert. On dirait des criminels qui tiennent à laisser des preuves de leur crime.
Pour instrumentaliser l’affaire davantage, les autorités de Rabat ont procédé à l’accusation de deux ressortissants suisses qui ont élu résidence au Maroc. Deux ressortissants d’un pays qui ne pourra pas être défendu par un magistrat de leur pays d’origine faute de convention judiciaire avec la Suisse. L’avocat marocain chargé de la défense de Kevin Zoller Cuervos n’a eu accès au dossier que 4 jours avant l’annonce du jugement qui a été reporté à nouveau ce matin.
En visant des ressortissants suisses, le Maroc veut éviter le scénario déjà vécu dans l’affaire connue sous le nom de Belliraj en référence au citoyen belgo-marocain emprisonné au Maroc et accusé d’avoir importé des armes de la Belgique dans le but de les remettre à des terroristes en Algérie. Bruxelles a dépêché à l’époque une équipe de spećialistes pour étudier le dossier et a conclu qu’il n’y avait aucune preuve matériel si ce n’est des déclarations obtenues sous la torture.
Les autorités marocaines ont forcé les détenus marocains dans cette affaire à déclarer qu’ils ont visionné des films de propagande avec Kevin et que ce dernier a amené certains membres à s’entraîner au tir dans un champ avec des cartouches à blanc et a même recruté des subsahariens avec lesquels il projetait de rejoindre les branches de Daech au nord du Mali, selon les déclaration du patron du BCIJ marocain, Abdelhak Khiame. Une histoire cousue de fil blanc.
Kevin Zoller n’est pas la première victime de la mal appellée justice marocaine. Labbas Sbaï, un chirurgien marocco-suisse a été emprisonné en 2006 et en 2010 pour la simple raison d’avoir dénoncé les trafics illicites pratiqués et qui portaient atteinte au complexe touristique qu’il avait créé dans sa région de Zagora.
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