En 1958 et 1959, les habitants du Rif, une région du Nord du Maroc se soulevérent. Une terrible répression allait suivre. Des événements qui ont beaucoup de mémoire et peu d’histoire.
Une partie de cette histoire est racontée par Tarik El Idrissi dans son documentaire « Rif 58-59 : Briser le silence ».
De ce documentaire, nous avons choisi un passage du témoignage d’Ahmed Benseddik.
Témoignage d’Ahmed Benseddik
Il m’a dit : « Ils m’ont beaucoup torturé…Ils ont arraché les ongles des mains à ton grand-père et les ongles des pieds ainsi que les deux dents qui lui restaient. Cela n’est rien, mais le pire c’est qu’ils m’ont jeté par terre et l’un d’eux s’est mis à me piétiner et m’a éclaté le thorax.
Ils ont emmené mon père du village alors que j’étais encore enfant. Il a passé quelque temps en prison. Quand je suis allé le voir, le chef esst sorti et il m’a dit : « Pourquoi es-tu venu ? ». Je lui ai dit que j’étais venu voir mon père. Il me demanda : « D’où es-tu venu ? ». Je lui ai répondu : « De Beni Hadifa ». « Donc, tu es également de Beni Hadifa, fils de… et en plus tu oses venir ici. » Il m’a donné une bonne raclée me laissant couvert de sang.
Sur le chemin du retour, j’ai rencontré un soldat qui a sorti une arme et m’a emmené au loin, puis il me dit : « Choisis entre deux choses : soit je te le fais, soit je te tue. » Je lui ai dit : « Tue-moi c’est mieux ». Te faire signifie violer et moi j’étais encore enfant. Je lui dis « tue-moi, c’est mieux ». Il me dit : «creuse ta tombe parce que je vais te tuer ». Il m’a enleveé mes vêtements, je suis resté en caleçon, et je me suis mis par terre en attendant qu’il me tue. A la fin, il me dit : « Je ne veux pas te tuer, je voulais juste te violer, tu peux t’en aller maintenant ».
Tags : Maroc, Rif, Hirak, répression,