par Mohamed Salah
Faut-il s’étonner de la dernière déclaration du président de la Cour des comptes au micro de la chaîne 3 ? Abdelkader Boumaâraf a confirmé que l’institution qu’il préside n’a jamais publié ses rapports annuels depuis 1999, année de l’intronisation de Bouteflika.
Petit rappel de l’histoire : l’enquête de la Cour des comptes, saisie par Chadli Bendjedid, aboutit à un premier arrêt qui sera prononcé le 8 août 1982 et qui «met en débet Abdelaziz Bouteflika pour une somme dont la contre-valeur en dinars représente 58.868.679, 85 DA et qui reste à justifier».
La Cour explique que ce montant «est l’aboutissement des longues investigations tant à la Trésorerie principale d’Alger qu’au ministère des Affaires étrangères».
Suite à cette décision, Bouteflika se voit d’abord suspendu du Comité central du FLN avant son exclusion par le congrès de l’ex- parti unique. Connaissant le passif de l’ex- président de la République on soupçonne l’une des raisons pour lesquelles Bouteflika a mis sous le coude l’institution, l’empêchant d’accomplir ses missions.
Or, la mission essentielle de la Cour des comptes est de «favoriser l’utilisation régulière et efficiente des ressources, moyens matériels et fonds publics, de promouvoir l’obligation de rendre compte et la transparence dans la gestion des finances publiques et de contribuer au renforcement de la prévention et de la lutte contre les diverses formes de fraudes et de pratiques illégales». Théoriquement. «Car en théorie tout se passe bien», comme l’a dit un auteur inconnu, puisqu’en réalité, la Cour des comptes a ressemblé à toutes les institutions publiques du temps du régime Bouteflika. Des coquilles vides résonnant aux seuls échos des injonctions formulées en haut lieu.
On comprend un peu mieux le sentiment d’impunité qui a longtemps régi la gestion de l’argent public et les largesses permises à ses gestionnaires en dilapidant des milliards et des milliards de dinars entre malversations et incompétences qui ont coûté très cher au Trésor public.
Le clan et ses cercles sont parvenus à discréditer toutes les structures organisationnelles de l’Etat, plaçant leurs hommes aux postes clé décisionnels. La justice tout comme ses appendices ont été instrumentalisés au seul service du pouvoir alors en place.
Aujourd’hui encore, après la chute du système, on est en train de vivre les mêmes réflexes avec la nomination de profils, pour le moins surprenants, à la tête des institutions de l’Etat.
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