Depuis que les États membres de l’Union africaine ont voté le retour du Maroc au sein de l’organisation aucune décision responsable n’a été prise par les pays africains d’où des interrogations sur l’avenir du Sahara occidental deviennent légitimes.
Le Maroc, qui contrôle aujourd’hui la majeure partie du Sahara occidental, considère ce vaste désert de 266.000 kilomètres carrés, soit environ l’équivalent du Royaume-Uni, comme une région appartenant à son royaume, tandis que le Front Polisario revendique l’indépendance du territoire et demande un référendum sur l’autodétermination des peuples.
Le conflit remonte à la décolonisation espagnole, peu avant la mort du général Franco. Le 6 novembre 1975, le roi marocain Hassan organise une marche pacifique appelée la «Marche verte». Environ 350.000 personnes partent du Maroc et entrent sur le territoire qu’elles considèrent comme les «Provinces du sud». La marche comporte une forte valeur symbolique. Le 14 novembre, les accords de Madrid officialisent le partage: le Maroc obtient les deux tiers, la Mauritanie, le tiers restant. L’Algérie, et Front Polisario ne sont pas consultés.
Entre fin 1975 et 1976, plusieurs dizaines de milliers de Sahraouis fuient la guerre et se réfugient à Tindouf, en Algérie, dans des camps administrés par des cadres du Polisario. La rupture du dialogue s’est cristallisée lorsqu’en février 1976 le Front Polisario crée la République Arabe sahraouie démocratique (RASD) qui sera reconnue par l’Union Africaine, mais pas par l’ONU. Alors qu’en 1979, la Mauritanie décide de se retirer des affrontements, le Maroc annexe son territoire, le conflit entre les deux partis s’enlise.
Dans les années 1980, le Maroc construit un gigantesque mur de sable séparant le territoire du nord au Sud qui façonne le découpage actuel du désert. Le Maroc contrôle 80% du territoire contre 20% pour les Sahraouis. La construction du mur de défense se termine en 1987. L’ONU lance, en 1991, la Minurso (mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental) afin de fournir les bases de négociations pour instaurer la paix dans la région. Un cessez-le-feu est acté mais le référendum initialement prévu en 1992 n’aura finalement jamais lieu. Selon les sources algériennes, près de 150.000 personnes sont encore réfugiées dans les camps sahraouis de Tindouf qui devaient initialement être provisoires.
Gelé sur le terrain, le conflit n’a jamais été clairement tranché sur le plan du droit international. Depuis 1963, le Sahara occidental est inscrit sur la liste des territoires non-autonomes de l’ONU. Au départ des troupes espagnoles en 1975, le Maroc et la Mauritanie revendiquent leur autorité «légitime». Selon un avis rendu par la Cour internationale de La Haye en 1974, il y avait pas effectivement un lien entre le Maroc et le Sahara occidental avant sa colonisation par l’Espagne en 1884. Ce n’était pas une terre sans administration, et des documents attestent pas de l’existence de liens entre le sultan marocain et certaines tribus sahraouies. La juridiction montre également qu’il n’éxistait pas des droits de nature foncière de la Mauritanie sur le territoire du Sahara occidental. Cependant, elle ajoute que l’existence de ces liens n’établit en aucun cas une relation de souveraineté territoriale ni du Maroc ni la Mauritanie.
Depuis, le Maroc et le Front Polisario campent sur leur position et aucune solution ne semble être d’actualité. Le retour du Maroc dans l’Union africaine pourrait-il laisser entrevoir une réconciliation possible? Rien n’est moins sûr.
Participation de la RASD à la réunion des ministres de l’agriculture de l’UA et de l’UE en Italie
Le ministre sahraoui du Développement économique, Brahim Ahmeim, a participé vendredi à la tête d’une importante délégation à la réunion du partenariat UE-UA au niveau des ministres de l’Agriculture.
Cette réunion est organisée conformément à l’ordre du jour approuvé par les chefs d’Etats et de gouvernements des deux organisations lors du sommet de partenariat tenu dans la capitale ivoirienne en 2017, a-t-on indiqué.
La participation de la délégation sahraouie a mis en échec les tentatives de la partie marocaine de l’empêcher de prendre part à cette rencontre.
Avec l’aide d’un pays européen et de membres de la commission de l’agriculture de la Commission européenne, le Maroc a déployé d’importants moyens au cours de la semaine passée et jusqu’à hier soir pour bloquer la participation de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) à la réunion du partenariat tenue à Rome en marge de la Conférence des Nations unies sur la nutrition et l’agriculture, précise-t-on.
Les tentatives et manœuvres marocaines n’ont pas abouti dans son ensemble en raison de la vigilance de l’Union africaine et de la cohésion de ses membres qui rejettent les dictats coloniaux remontant au passé.
La délégation sahraouie a participé samedi à des ateliers au cours desquels elle a abordé un certain nombre de sujets liés à la nutrition, à l’agriculture et à la question de la croissance et du développement.
La délégation sahraouie, qui a rencontré plusieurs ministres et chefs de délégation, a saisi cette occasion pour échanger des informations et des expériences avec ses partenaires.
La conférence ministérielle sur le partenariat entre l’UA et l’UE devrait entériner une déclaration contenant des plans et des objectifs dans le cadre d’un travail conjoint entre les deux continents dans le domaine de l’agriculture.
Source : L’Echo d’Algérie, 24 juin 2019
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