Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) a appelé mardi au dialogue au Soudan entre les représentants du mouvement de contestation et le pouvoir de Khartoum.
« Nous encourageons toutes les parties au Soudan à continuer de résoudre les problèmes en suspens par le dialogue », a déclaré Andrew Gilmour, Sous-Secrétaire général aux droits de l’homme lors d’un débat au Conseil des droits de l’homme à Genève.
Le HCDH a salué le fait que l’accord conclu la semaine dernière inclut l’engagement « d’une enquête indépendante sur les actes de violence perpétrés contre des manifestants pacifiques ».
« Plus de détails sont apparus sur les victimes lors des manifestations de masse qui se sont déroulées dans les villes du Soudan le 30 juin 2019. Il est important que les enquêtes rendent justice à toutes les victimes de ces violences », a souligné M. Gilmour.
Le HCDH espère que le nouvel accord créera « un nouvel élan » pour la protection des droits de l’homme au Soudan et permettra surtout dans les prochaines semaines aux équipes des droits de l’homme de l’ONU de pouvoir se rendre au Soudan « afin de poursuivre les discussions sur l’ouverture d’un bureau entièrement mandaté ».
Devant le Conseil des droits de l’homme, M. Gilmour a rappelé que la situation au Soudan a considérablement changé depuis le déploiement par le HCDH d’une mission technique en décembre 2018. « Peu de temps après notre visite, des manifestations de grande ampleur ont éclaté dans plusieurs villes du Soudan en réponse à la grave crise économique affectant l’accès à l’alimentation et aux services de base. Ces manifestations ont finalement abouti à la destitution du gouvernement », a relaté le Sous-Secrétaire général aux droits de l’homme.
Des experts appellent à rétablir immédiatement l’Internet
C’est dans ce contexte aussi qu’un groupe de procédures spéciales et des experts de l’ONU ont publié hier lundi un communiqué de presse appelant les autorités de Khartoum à rétablir immédiatement les services d’Internet.
« Ils ont noté que le Conseil des droits de l’homme avait condamné sans équivoque les mesures empêchant ou perturbant intentionnellement l’accès à l’information en ligne, et ont recommandé à tous les États de mettre fin à ce type de mesures », a fait valoir M. Gilmour.
Dans son allocution devant le Conseil le 6 mars dernier, la Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Michelle Bachelet, avait dénoncé la dispersion violente des manifestations par les forces de sécurité qui ont fait usage de tirs à balles réelles à certaines occasions. La Haut-Commissaire avait ajouté que l’usage excessif de la force, notamment dans les hôpitaux, les mosquées et les universités, ainsi que la détention arbitraire, la torture et l’état d’urgence n’auraient aucun effet sur les véritables griefs sous-jacents que les manifestants cherchaient à exprimer dans les rues soudanaises.
Plus largement, le HCDH se dit prêt à « aider le Soudan à renforcer la protection des droits de l’homme dans un contexte de transition vers un régime civil ».
Les engagements du Soudan pour « un véritable changement »
En réponse aux préoccupations exprimées par l’ONU, la délégation soudanaise a rappelé d’emblée que « leurs forces armées ont pris le parti du peuple, en appuyant la volonté de renversement du régime ».
« Les militaires se sont engagés en faveur des instruments des droits de l’homme et ont réitéré leur détermination à travailler avec les mécanismes internationaux des droits de l’homme », a déclaré Osama Hemeida, Rapporteur du Conseil consultatif pour les droits de l’homme du Ministère de la justice du Soudan. « Nous réitérons notre engagement en faveur des droits humains et le Soudan entame un véritable changement », a-t-il insisté, non sans rappeler aussi que « le moment est venu de lever les sanctions contre le Soudan ».
Source : ONU press
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