L’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) a publié son 22ème rapport mondial annuel sur la production, le trafic, l’éradication et la répression, le Rapport mondial sur les drogues, 2019. En plus de fournir des chiffres sur la cocaïne et les opiacés, le rapport cherche à quantifier le cannabis cultivé dans chaque pays producteur.
Au cours des 10 dernières années, le rapport a toujours placé le Maroc au premier rang pour la production illicite de cannabis. Il conserve toujours ce titre.
Le rapport de 2019 s’appuie sur des données collectées entre 2013 et 2017. Environ 135 pays dans le monde cultivent du cannabis. En 2017, environ 35 000 tonnes ont été produites au Maroc, dont la plupart ont été converties en hasch. Les producteurs illégaux du pays l’envoient ensuite en Europe et dans d’autres parties du monde. Les États-Unis voient très peu de ce produit de résine prisé.
Malgré 50 000 hectares de terres cultivées au Maroc, seules 520ha ont été éradiquées en 2017. On ne dispose d’aucun chiffre concernant le nombre total de plantes éradiquées.
Le Paraguay est en tête du monde avec plus de 36 millions de plantes éradiquées en 2017, suivi des Philippines (24 millions en 2016). Aux États-Unis, plus de 5 millions de plantes ont été coupées en 2016.
La lutte antidrogue au Maroc se poursuit
L’année dernière, le gouvernement marocain a annoncé le lancement d’une «stratégie nationale multidimensionnelle de lutte contre les drogues illicites». Même si la «société civile» a un rôle à jouer dans cette stratégie, l’application de la loi reste essentielle. Par exemple, le 23 juin, les autorités près de Zagora, ont confisqué plus de 600 kilos de «résine de cannabis» (haschisch ou probablement kif, les trichomes résineux lâches et non raffinés secoués des bourgeons récoltés) et près de 13 tonnes ont été saisies par la police à Nador, Rif, le cœur du cannabis au Maroc.
Un porte-parole du gouvernement s’est vanté que plus de 107 000 personnes ont été poursuivies pour crimes liés à la drogue en 2017, nombre qui devrait passer sous la nouvelle stratégie nationale dans les années à venir.
Le Maroc a également récemment intensifié ses opérations maritimes conjointes avec l’Espagne pour intercepter le hachisch de contrebande traversant le détroit de Gibraltar vers les marchés européens.
Les efforts de légalisation dans les stalles marocaines
Le cannabis étant déjà un pilier de son économie, vous penseriez que le Maroc serait un candidat naturel à la légalisation. En effet, il y a 2 ans, le parlement du pays a examiné les propositions visant à légaliser la culture du cannabis à des fins médicales et industrielles. Les partisans ont présenté cela comme le meilleur moyen de dépénaliser l’économie illicite et de l’éloigner des réseaux criminels.
Mais, en août 2017, Ilyas El-Omari, principal avocat de la légalisation au Parlement et chef du bloc d’opposition progressiste, a été brutalement contraint de se retirer. Cette démission a eu lieu après que le roi Mohammed VI eut prononcé un discours laissant entendre qu’El-Omari était derrière la vague de manifestations de jeunes en colère qui ont secoué la région du Rif. Depuis lors, l’effort de légalisation du cannabis n’a pas progressé.
Ironie amère, le soulèvement dans le Rif était alimenté par le manque d’opportunités économiques autres que l’économie du cannabis de contrebande. C’était encore un autre exemple de pouvoir discréditant ceux qui préconisaient des solutions courageuses comme des voyous.
Note de bas de page
La petite république soviétique de Moldavie, qui a enregistré 10 000 tonnes en 2014, arrive en deuxième position au Maroc dans la production de cannabis. Plus prévisible, la troisième place revient au Mexique avec 6 574 tonnes cultivées en 2016.
Source : Freedom Leaf, 10 jui 2019
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