Terrorisme international: le jeu trouble du Maroc

Quelle rapport entre l’achat de six cent missiles anti chars par le Maroc, la trop exemplaire coopération du royaume après les attentats de Paris et le fait que ce soit aussi un des plus gros pourvoyeurs de Daech en hommes? Ces éléments pris, un par un, peuvent sembler anodins ou, dans le cas des missiles, relever du droit régalien de ce pays à s’armer. Mais replacés dans le contexte géostratégique actuel ils peuvent alimenter les théories les plus audacieuses.
Pour essayer d’analyser ces éléments, partons de plusieurs faits et postulats. D’abord le camp choisi par Rabat dans le jeu au Moyen-Orient, ni neutralité ni alliance avec les théories des pays occidentaux, le Maroc a choisi le camp le plus radical pour la destitution de Bachar Al Assad, ou de l’éviction des Houthi au Yémen, celui du GCC et du triumvirat saoudo-qataro-emirati, en plaçant son armée de l’air sous commandement des Émirats arabes unis.
Mieux, les autorités marocaines ferment les yeux sur les milliers de combattants qui quittent son sol pour alimenter les rangs des différentes organisations qui combattent en Syrie. Ils sont presque cinq mille, si on y adjoint les Franco et les Belgo-marocains qui sont sur place.
Riche des expériences algériennes et libyennes, qui ont eu fort à faire après le retour de leurs combattants de la guerre en Afghanistan, les autorités marocaines n’ont certainement pas laissés faire sans contracter un pacte officieux avec les terroristes pour un aller sans retour au royaume, ou pour une douteuse non agression, ou, plus probablement pour un contrat de djihâd international de longue durée.
La confirmation de cette dernière affirmation se trouve peut-être dans l’attitude des services marocaines dans la gestion de l’après les attentats de Paris. Car si des capitales, parmi lesquelles Alger, avaient prévenus Paris ex-ante sur la possibilité d’attaques sur son sol, il n’y a eu que le Maroc pour donner ex-post, les informations décisives qui menèrent au démantèlement du réseau responsable. C’est justement le fait que la DGED ait fourni la planque temporaire du réseau Abaoud, qui démontre l’emprise qu’a ce service, sur la nébuleuse terroriste de Daech en Europe.

Le cas Abaoud est édifiant, multirécidiviste quadruple planificateur d’attentats contre la France et la Belgique, il est resté pendant plus d’un an, sous l’emprise des services marocains qui ne l’ont jamais “donné” à leurs homologues européens. Son retour de Syrie et sa facilité avec laquelle il s’est réimplanté en Belgique, porte l’empreinte de services secrets qui lui ont fourni logistique et documents de voyage pour passer entre les mailles du filet.
Tags : Maroc, Algérie, Abaaoud, terrorisme, Daech, DGED,

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