Réflexion autour des réformes
Dans le monde politique, il y a les activistes. Ceux qui participent à une marche le matin, à une assemblée générale dans l’après-midi, trouvent le temps de signer une pétition entre les deux, et se déchaînent sur les réseaux sociaux le soir.
Il y a ensuite ceux qui sont dans des organisations politiques. Leur activité est rythmée par celle de leur parti, auquel ils consacrent une partie de leur temps, selon leurs moyens, leurs responsabilités et leurs disponibilités.
Et il y a une troisième catégorie, ceux qui tentent de comprendre l’évolution de leur temps, de décoder les évènements et de leur donner une orientation sur le long terme. Farid Chaoui fait indéniablement partie de cette catégorie. Leur souci n’est pas d’écumer les plateaux de télévision, ni de squatter les tribunes ou de monopoliser le débat. Ils essaient de créer des opportunités pour lancer des débats sur les grands thèmes politiques et de société de leur temps, et de rappeler les grands enjeux que le pays doit affronter. Ils s’inscrivent résolument dans le temps long, et refusent d’être entrainés dans l’immédiateté.
La réflexion de Farid Chaoui relève de ce souci permanent de ne pas plier aux modes du moment. Sa contribution sur le hirak porte clairement cette marque. Il revient sur de grands mouvements sociaux qui ont marqué l’époque contemporaine, comme l’opposition à la guerre du Vietnam aux Etats-Unis dans les années 1960 e 1970, ou mai 1968. Il relève que ces mouvements, malgré leur ampleur exceptionnelle, n’ont pas débouché sur des bouleversements politiques ou institutionnels immédiats, mais qu’ils ont durablement marqué l’évolution des sociétés sur des décennies.
Il rapporte cette réflexion au hirak, ce formidable mouvement populaire né en Algérie le 22 février 2019, et qui se poursuit encore avec la promesse de boucler une année dans un mois et demi. La vocation du hirak n’est pas de prendre le pouvoir en Algérie, mais d’opérer une sorte de reformatage de la vie politique sur le long terme. C’est dans la durée que ce mouvement portera ses fruits, en ouvrant des perspectives pour une nouvelle vision de la vie politique et institutionnelle, de la gouvernance et de l’organisation des rapports sociaux. C’est un texte qui mérite d’être lu et diffusé.
Abed Charef
La Nation, 5 jan 2020
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