Une liberté malheureuse
Résigné et non désespéré, décidé mais libéré de tout dogme, derrière se déploie une longue chaîne de déceptions, de défis et de victoires. Il faut implacablement bien verser un tribut pour avoir choisi de vivre dans un minimum de liberté quand la liberté serait beaucoup plus une révolte spontanée contre les injustices qu’une intelligence foncièrement mesquine dans la nécessité.
A vrai dire , c’est une vie qui vacille beaucoup plus du côté des ténèbres que des lumières. Dès que tu mets tes pieds en dehors de chez toi, tu dois être extrêmement agile; faire attention aux chauffards sans conscience, aux gangsters sans pitié, aux marchands ripoux, aux fonctionnaires corrompus, aux policiers espiègles, aux faux mendiants, aux filles de joie prêtes à jeter leur opprobre sur les innocents …
Un Etat estropié
Mais le grand malheur qu’on puisse subir dans un pays comme le Maroc est causé par une pseudo élite à qui sont confiées les tâches les plus délicates et les plus importantes. Les parvenus politicards qui baignent dans la médiocrité sous toutes ses formes, les pillards qui considèrent le pays comme une proie à arracher des dents des affamés avant d’aller s’enfuir ailleurs. Laissons de côté une minorité qui garde d’une manière ou d’autre le sens de l’honneur et de la responsabilité…Pour ce qui est de l’humanisme proprement dit, le plus souvent il est introuvable… Le mal gît dans les articulations de l’Etat, là où s’incubent les ténèbres et fleurit l’arbitraire.
Cette pseudo-élite formée d’apprentis-sorciers en perpétuelle formation n’épargnent ni politique ni éthique pour escalader les échelons de la société. Car la stratégie de l’Etat marocain, depuis bien longtemps, est échafaudée sur l’épave d’une ascenseur sociale sabotée sciemment.
Les partis politiques marocains sont des sociétés à capital limité et non pas des zaouïas
Les partis politiques fonctionnent comme de vraies entreprises de service et non pas comme des zaouïas comme l’avaient souligné des sociologues marocains Allah Hammoudi. La différence est sensible au niveau de la nature de lien. Devenir disciple d’une zaouïa est un acte délibéré entrepris par un individu en vue de donner sens à son existence tandis qu’appartenir à un parti politique au Maroc du XXI siècle signifie incontestablement beaucoup plus une volonté de réaliser des intérêts personnels que de se caser socialement ou politiquement. Qui sont par exemple les militants d’un parti comme le MP ou le RNI .. ? Que veulent-ils ? C’est quoi leurs projets ????? Vous les connaissez ? Où sont-ils ?
RNI, MP, Istiqlal,PAM, USFP… Des refuges pour parvenus des élites suspectes
Pour le Rassemblement national des indépendants par exemple, les voix obtenues lors des dernières élections s’élevaient à 883421 qui a permis de remporter 4400 siège avec un pourcentage de 13,99 %. Quant au Mouvement populaire, 646415 voix lui a permis de gagner 3007 sièges, c’est dire 9,54% … Mais que signifient réellement ce chiffres ? Absolument rien car, il ne s’agit que de nouveaux notables, parvenus et opportunistes par-dessus le marché, garnissant leurs listes parfois par des démunis sans conscience politique ni sociale. Ce sont les vrais propriétaires de ces partis, les patrons qui, à la limite, tiennent maintiennent, à titre personnel, pignon sur rue, juste pendant la phase des élections .
Les nouveaux patrons de la politique
Lors d’une étude du phénomène du leadership au Maroc qui serait une version froissée de la question des élites, le chercheur Chahir a souligné dans son enquête que 63,4% des conseillers de la ville sont des dirigeants de leurs partis, 31,4% des adhérents et seulement 2,3% des militants…Mais qui ont les adhérents ? Où se réunissent-ils ? Quelles sont leurs actions au cours de l’année ?Quel est leur impact avant et après les élections sur la vie des populations ???
Le RNI par exemple ne possède point de siège dans les plus grandes villes du Maroc. A Meknès, d’où est issu son chef actuel Mezouar et où il présente sa candidature, le parti rassemble ses « troupes » dans des cafés ou des maisons privées.
Donc il faut bien lire les chiffres et reconnaître que ces partis sont la pierre angulaire de la tragédie marocaine. Dans leur état actuel, ils servent de refuge à des élites pourries jusqu’aux os qui se sont illégitimement emparées dans la plupart des cas des biens du peuple et qui veulent accéder aux commandes pour barrer le chemin aux volontés libres et étouffer les voix récalcitrantes susceptibles de dévoiler leurs subterfuges et de les affronter.
Presque tous les partis marocains qui se sont partagés le gâteau s’inscrivent dans ce schéma. Chez le PJD, ce schéma est pour le moment en état d’incubation, il est surtout invisible grâce à l’épaisse fumée de la religiosité et de la moralité qui ensevelissent l’action politique profondément tordue, dopée et hybride. Le faire persuasif bat son plein, la netteté de la vérité tardera à apparaître. Pour l’USFP, la cuirasse est toujours brandie quoique faiblement efficace. L’Istiqlal offre une assimilation parfaite mais plus ou moins flexible de ce schéma …
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